Le skit du Saint - Esprit est un ermitage orthodoxe. Le mot "skit" , du grec "skiti",est une référence à une partie du désert d'Egypte située au sud d'Alexandrie où Saint Macaire organisa au IVe siècle une communauté de moines. En 1938, le père André Serguienko (1902-1973), le recteur de la communauté d'émigrés russes rattachée à l'église patriarcale de Meudon , découvrit le terrain où fut édifié le skit. Il n'y a jamais eu sur le site que quatre ou cinq moines, qui vivaient isolément dans des cabanes , dans le plus parfait dénuement, et sans règles communes, subsistant grâce à des dons. Après la guerre, c'est au tour du père Serge Schevitch (1904 -1987) de gérer le site. C'est alors que le père Grégoire Krug, artiste cubiste et moine iconographe, un de ses fils spirituels, entreprend de couvrir d'icônes les parois de l'église. Né en 1908 à Saint-Pétersbourg, Grégoire Krug a eu une formation artistique avant de se convertir à la religion orthodoxe à 19 ans. Ces icônes, qui se caractérisent , paraît-il , par un retour à des modèles plus anciens , théologiquement et formellement plus purs, représentent un tournant dans l'iconographie religieuse et sont connues dans le monde entier. Il a aussi réalisé des icônes en France ( par exemple dans l'église attenante au cimetière russe de Sainte Geneviève des Bois), et à l'étranger (ci-contre: le père Grégoire).
Actuellement, plus aucun moine ne séjourne au skit. Le père Jean, fut un des derniers à y vivre, dans la solitude et la misère, tout polytechnicien qu'il fût; il est mort dans les années 1990. Le seul rescapé est le père Barsanuphle, moine au skit à partir de 1964: il en est aujourd'hui le responsable, mais n'y vit plus; jeune moine, il était chargé de s'occuper du père Grégoire, alors octogénaire, qui était malade et dépressif. Il a aussi achevé l'architecture de l'église en y faisant ajouter un narthex et un dôme. Il a publié un très beau livre sur les icônes du père Grégoire. Le skit est maintenant rattaché à la paroisse de Vanves. Des cérémonies ont encore lieu de temps à autre dans l'église. Le Skit du Saint Esprit s'est vu attribuer le label "Patrimoine du XXe siècle" en 2013 par le ministère de la Culture et est donc protégé.
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Première surprise: l'ermitage se trouve dans une zone pavillonnaire!
Son entrée , au style néo byzantin caractéristique, succède à d'ordinaires entrées de jardins pavillonnaires! En fait, à l'origine, le quartier était occupé par un bois occupé par des "charbonniers", et aussi des carriers. Les Mesnilois évitaient ce coin . Mais les pavillons ont envahi peu à peu l'espace.
Au travers de la porte , se découvre déjà une architecture aussi fabuleuse qu'insolite!
Dans l'ombre d'un sous bois, édifiés sur un terrain très chaotique, deux édifices se découvrent à nos yeux: une jolie église orthodoxe, d'un style néo byzantin qui nous emporte sous d'autres cieux , et un baptistère. A l'arrière se trouvaient, disséminées dans le bois, les cabanes où les moines vivaient chacun séparément dans le dénuement le plus complet.
Le baptistère a été édifié en 1988 à l'occasion de la fête commémorant le millénaire du baptême de la Russie. L'exarque de l'église orthodoxe russe Vladimir avait choisi le skit pour cette célébration. L'édifice est construit dans le style du monastère Saint-Pantéléimon du mont Athos, auquel le skit est lié. C'est le seul vestige de cette fête en Europe.
En fait, ce baptistère semble avoir surtout été une réserve d'eau bénite. Au centre, la cuve baptismale.
Le père Jean, un des derniers moines du skit, a orné le baptistère de fresques liées au thème de l'eau.
Ici, l'aveugle au réservoir de Siloe.
Baptême du Christ vraisemblablement.
Ici serait figuré l'exarque Vladimir.
Photo: Guy.
Hou là! La pente est raide!
Nous allons maintenant visiter l'église. Elle est composée d'un narthex (entrée) , d'une nef centrale, prolongée par le sanctuaire, flanquée de deux nefs latérales constituant des chapelles, avec iconostase et sanctuaire. On pourrait dire aussi qu'elle est constituée de trois églises accolées.
La tombe du père Grégoire, surmontée de la croix russe, se trouve derrière l'église.
Photo: Guy.
L'élève sérieux et le cancre...
Nous voici devant l'iconostase, où nous retrouvons l'iconographie habituelle des églises orthodoxes.
De bas en haut...
On reconnaît ici le traditionnel Christ Pantocrator (tout puissant).Ce serait la dernière œuvre réalisée par le père Grégoire.
Photo: Claude.
Cette représentation du Christ placée sur l'iconostase serait bien caractéristique du style particulier du père Grégoire, qui était aussi un peintre cubiste. Il y aurait quelque chose de cubiste dans la compartimentage du personnage par des traits épais.
Les parois latérales sont couvertes d'icônes...
... comme ici le mur de droite.
Une belle icône traditionnelle: les trois anges symbolisent le père, le fils et le Saint-Esprit.
Ici un assemblage d'icônes autour d'un Jugement dernier.
Au centre, l'icone de la Sainte face. La seule qui ne serait pas de la main de l'homme. Elle résulterait de l'application d'un tissu sur le visage du Christ.
Une variante de la Sainte face.
Le rideau obstruant l'ouverture centrale de l'iconostase ouvert, nous apercevons l'icône centrale du sanctuaire.
Vue rapprochée.
Au dessus de la porte d'entrée, la mère de Dieu et son fils.
Une belle icône, qui présente une vierge allongée (rare!), que notre guide a savamment analysée pour nous.
Un autre exemple d'icône bien caractéristique du style "cubiste" du père Grégoire.
Vue de la chapelle latérale gauche.
Chapelle latérale gauche: le sanctuaire.
Chapelle latérale droite : iconostase et sanctuaire.
Et avant de partir , après ces nourritures spirituelles, nous préoccuper des terrestres, nous avons pris la traditionnelle photo de groupe. Ils n'ont pas l'air heureux ces visiteurs?
A voir aussi :
*Découverte du château du Mesnil-Saint Denis, l'époustouflante mairie de la commune :
*La rando sur les chemins du Mesnil Saint Denis.
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