Encore une belle journée de visites, je crois, servie par deux guides exceptionnels: le matin. Michel Charon , de l'association MEMOIRE DE CHEVREUSE, nous a offert bénévolement une visite commentée passionnante de l'église Saint-Ferréol de Saint-Forget, et notamment des fresques de la Renaissance qui y ont été découvertes récemment sous le revêtement qui les dissimulaient. L'après midi, nous avons découvert le domaine de Mauvières, où Cyrano de Bergerac a passé son enfance, sous la houlette d'un guide pétri d'humour, le comte Etienne de Bryas, son propriétaire.
Le temps était gris et froid, mais la pluie n'est tombée qu'après la visite !
Le matin, nous étions 17 au rendez-vous pour écouter Michel Charon: Nicole et Gérard , Jean-Marie et Michèle venus de l'Haÿ les Roses ; Simone venue de Fresnes et ses amies Josette et Brigitte; Marie-Claude venue de Bourg la Reine; Jeanine et Serge, du Plessis Robinson; Florence et Claude, de Meudon; Marcelle, de Paris; et les régionaux de l'étape: Danielle, de Gif sur Yvette, Michèle et Henri, de Gometz la Ville, et le GO, JM, des Ulis. Un groupe où la proportion d'anciens profs de lycée était impressionnante!
L'après midi, nous nous sommes retrouvés à 19 : Marie-Claude n'a pas pu rester et nous a quittés, tandis que le groupe était renforcé par l'arrivée de Dominique et Jacques, de Châtenay-Malabry, et de Bénédicte, de Verrières le Buisson. Petit coup de jeune au groupe, car Dominique et Bénédicte sont elles profs de Lettres en activité.
Devant le château de Mauvières : de g à dr. Claude, Florence, Bénédicte, Dominique, Michèle, Henry, Danielle, Jacques, Nicole, Marcelle, Simone, Gérard, Brigitte, Josette, Serge, Jeanine et le chien Hutch qui a bien voulu poser pour le photographe.
Sur cette photo, on peut voir aussi Michèle (1e en partant de la gauche) et Jean-Marie (6e en partant de la g), arrivés en retard car ils s'étaient perdus en route, et bien sûr JM le GO (regardez vers le haut!).
* VISITE DE L'EGLISE DE SAINT-FORGET (matin) :
Dès 10h15, nous nous étions tous déjà retrouvés sur le parking de l'église , que l'on atteint depuis la route de Chevreuse à Dampierre, à 2km de cette dernière localité. Le site est installé sur la rive gauche de l'Yvette et isolé du reste de la commune de Saint-Forget.
En route pour la visite, emmitouflés pour résister au froid!
L'église Saint-Ferréol (devenue chapelle Saint-Gilles à partir du XIXe siècle) date du XVIe siècle. Elle est donc vouée à ces deux saints. Au XIIe existait un sanctuaire dédié à Saint-Ferréol (qui correspond à l'actuel chœur), édifié près d'une source censée guérir les fièvres.. Il avait été agrandi au XIIIe . Le porche (à droite) est du XVIIIe. L'église est flanquée d'un cimetière. On aperçoit aussi un calvaire du XVe siècle, qui a la particularité d'être sculpté sur ses quatre faces.
Devant le porche en plein cintre de l'église, nous faisons la connaissance de Michel Charon, notre guide.
L'église , dont le plan est en croix latine , comporte une seule nef , flanquée de deux chapelles. Le chœur est doté d'une abside semi circulaire.
C'est dans la chapelle sud qu'en 2003, à l'occasion de travaux de consolidation de l'église, des fresques ont été découvertes sous le revêtement apposé en 1875.Une restauration a été effectuée en 2011.
photo : Claude.
Sont figurés sur le mur de gauche trois saints : Saint François de Paule, Saint Blaise et Saint Sébastien.
photo : Claude.
A gauche de la fenêtre, on a une figuration de Saint Roch, l'ange et son chien, puis de Sainte Marguerite d'Antioche sortant du corps du dragon qui l'avait avalé.
photo : Claude.
A droite de la fenêtre, on distingue une crucifixion, flanquée de quatre "vignettes" représentant la descente de croix, une pieta, la mise au tombeau, et sans doute la Résurrection. S' y ajoute une représentation de Saint-Gilles, un des patrons de l'église.
C'est sur le mur de droite qu'est présente la fresque principale, consacrée à un Jugement dernier.
Marie-Claude (manteau rouge) semble transie de froid!
photo : Claude.
La fresque du jugement dernier:
Au sommet, dans une mandorle, figure le Christ; à sa droite la vierge Marie, à sa gauche Saint-Jean Baptiste.
Plus loin à droite du Christ ,ce sont des personnages de l'Evangile et des contemporains; à sa gauche, sont représentés des personnages de l'Ancien Testament, notamment les chefs des tribus d'Israël. En bas de la fresque est figurée la résurrection des morts, dont un archange (ailles bleues) recolle les os. A droite, les damnés se pétrifient et deviennent une énorme montagne. On distingue aussi des têtes d'animaux (cochon par ex).
photo : Claude.
Détail de la montagne des damnés.
Détail de la Résurrection des morts.
Un des aspects les plus passionnants de la présentation de notre guide fut le récit de la façon dont on identifia les personnages notamment contemporains à partir d'indices ténus, ce qui permettait de dater d'ailleurs les fresques.
Ainsi le personnage féminin couronné à gauche des anges a été idéntifié comme étant Louis de Savoie, mère de François 1er, à sa couronne de duchesse et son plastron blanc à pattes d'hermine. C'est elle qui fut régente du royaume pendant l'emprisonnement de son fils en Italie.
En bas , à la gauche du Christ figure le roi Salomon reconnaissable à sa barbe.
Il s'agirait d'une représentation de François 1er.
Au dessus de Louise de Savoie, il s'agit du pape de l'époque, un Della Rovere, que suivent des cardinaux et évêques.
L'abbesse de gauche serait celle de Port Royal des Champs à l'époque, suivie d'une autre future abbesse de ce monastère. La femme au manteau rouge serait la femme du conseiller des finances de François 1er, Madeleine Prudhomme... On a pu identifier aussi dans la fresque le connétable de Bourbon, qui trahit le Roi, et Benvenuto Cellini, qui tua le connétable...Tous ces éléments dateraient la fresque de la fin du XVes ou du début du XVIe.
Un exposé passionnant!
Notre visite s'est poursuivie par un petit tour aux abords de l'église et dans le cimetière.
Ici se trouve la fameuse source auprès de laquelle fut bâti le premier sanctuaire.
photo : Claude.
Le calvaire du XVe siècle a été récemment restauré.
photo : Claude.
A la base de la croix sont sculptés quatre épisodes de la Passion du Christ.
Les sépultures des comtes de Bryas, propriétaires du château de Mauvières voisin, et de leur famille, se trouvent dans ce petit cimetière.
Puis notre guide nous a proposé un arrêt devant cette curieuse tombe sans nom très apparent, décorée d'une longue guirlande de roses - d'un aspect un peu kitsch...
Il nous a raconté comment à partir d'un maigre indice (une inscription sybilline : WARU) et avec un peu de chance, il avait pu identifier la personne qui a sa sépulture ici.
Il s'agit d'une très belle dame de la Belle Epoque, Louise de Waru, marquise d'Hervey de St Denis. Ici son portrait peint en 1885 par Raimondo Madrazzo. Cette femme, par son élégance, était une des références féminines du Tout-Paris . Proust s'est inspiré d'elle pour le personnage de la princesse de Nassau dans la Recherche. Ce portrait se trouve au musée d'Orsay.
Une photographie d'elle par Nadar .
(Merci à M. Charon pour ces images).
Née en 1849, elle est la fille de Thomas de Ward, un ancien palefrenier devenu l'homme de confiance du prince de Bourbon Parme après lui avoir sauvé la vie, et qui finit par devenir 1er ministre de la Cour de Parme. Louise de Ward , après des études en France épouse en 1868 le marquis d'Hervey et le couple vit au château de Bréau près de Rambouillet. Devenue veuve, elle épousera en secondes noces, en 1896, le marquis de Waru.
Louise de Waru se lie avec la famille de Luynes, propriétaire du château de Dampierre tout proche, et notamment avec Yolande de Luynes, qui, comme elle-même, s'adonne à la peinture. Louise prend pour cette activité le pseudonyme de Louise Dubréau. Elle passe le reste de sa vie dans une sorte de tour située dans les environs, ce qui explique la présence à Saint Forget de cette sépulture où elle est enterrée avec son second mari. Elle est morte en 1930.
Pause repas au restaurant l' Art' doise à Dampierre en Yvelines.
Nous avons gagné Dampierre, tout proche , pour le repas de midi. Occasion d'apercevoir le superbe château de Dampierre , construit par Hardouin-Mansart pour le duc de Chevreuse, et dont la famille de Luynes est devenue ensuite propriétaire.
Découverte du château de MAUVIERES.
Non , le domaine familial de Cyrano de Bergerac n'était pas en Gascogne , mais ... dans la vallée de l'Yvette , à Saint-Forget, entre Chevreuse et Dampierre ! C'est l'actuel domaine de Mauvières.
Son grand-père Savinien de Cyrano l'acquiert en 1582.
Le fief de Mauvières , dont le premier seigneur connu est Bernard de Malverius , mentionné en 1179 , avait par la suite été donné par le duc d'Anjou, frère de Charles V, à Ramond de la Rivière de la Martigue dans la deuxième moitié du XIVe siècle, en remerciement de son aide contre les Anglais pour reprendre Bergerac. Celui-ci donne alors aux prairies voisines de Mauvières le nom de Bergerac.
Les châtelains sont désormais seigneurs de Mauvières et de Bergerac.
Le château actuel date du règne de Louis XV (1705-1725). Une maison seigneuriale existait du temps de Cyrano.
Comment Cyrano devient "de Bergerac"...
Savinien de Cyrano ( le petit-fils, le "modèle" d'Edmond Rostand) a donc passé une partie de son enfance à Mauvières ... et Bergerac.
C'est en 1645 qu'il ajoute ainsi à "Cyrano", son patronyme, "de Bergerac" - alors même que son père avait déjà revendu leur propriété de la vallée de l'Yvette (1619)!
Il s'engagea dans la Compagnie de Mousquetaires Gascons du Capitaine Carbon de Casteljaloux. Mais il n'était en réalité pas gascon lui-même!
Contemporain de Molière et La Fontaine , Savinien de Cyrano de Bergerac fut aussi écrivain : son livre le plus connu est Histoire comique des Etats et des Empires de la Lune. Edmond Rostand , dans sa fameuse pièce, lui a emprunté certains traits , mais en a inventé d'autres!
Façade avant du château.
L'entrée du château.
Après être passé entre diverses mains , le domaine échoit à la famille de Bryas au XXe siècle. Il appartient actuellement au comte Etienne de Bryas .
La famille de Bryas est une des plus anciennes de la noblesse française, originaire de Brias, en Artois. Ses membres au fil de l'histoire ont exercé les plus hautes charges.
Et c'est précisément le comte Etienne de Bryas en personne, en compagnie de son petit chien, qui nous accueille ...
Avec ce guide pétri d'humour, les sourires fleurissent vite sur les visages...
Photo: Marcelle.
Tandis que le GO imperturbable prend des notes...
C'est dans la cour "haute" de l'ancienne ferme, qui jouxtait une maison seigneuriale, que la visite commence. A droite, on aperçoit une "maison haute" que le propriétaire appelle "la tour": c'est la maison seigneuriale d'origine. Au XVIIIe, le château lui-même a été construit en prolongement de cette "tour".
Photo: Claude.
On voit très bien ici à gauche la "tour" (ancienne maison seigneuriale) que prolonge un autre bâtiment à droite.
Photo: Danielle.
De l'autre côté de la cour, un autre bâtiment de l'ancienne ferme réaménagé.
Il est flanqué de l'ancien colombier.
Au revers du bâtiment de gauche: la chapelle, édifiée par Ida de Gramont, mère du propriétaire, et marquée à ses armoiries.
Une étroite voie pavée permet ensuite d'accéder à la "basse cour".
En bas d'autres bâtiments dont une extension récente où vit la famille d'un frère d'Etienne de Bryas.
Et au bord de l'Yvette, on découvre l'ancien moulin du domaine.
Une retenue d'eau jouxte le moulin.
UN PETIT TOUR A L'INTERIEUR DU CHATEAU.
Photo: Danielle.
Nous allons découvrir les différentes pièces du rez - de - chaussée, à commencer par le grand salon de 70 m2, dit "salon de Rohan". La mère du propriétaire descend des Rohan-Chabot.
Notre guide va nous présenter et commenter les éléments d'ameublement ou de décoration de pièce en piéce.
photo : Claude.
Ici un portrait du maréchal de Ségur, ministre de la guerre de Louis XVI, par Mme Vigée-Lebrun. En 1853, le château a échu à Marie-Sophie de Ségur, sa petite fille , d'où la présence de ce tableau.
photo : Claude.
Sauf erreur, il s'agit ici du fils du maréchal Gérard, attaché culturel à Istanbul.
Ce vase est orné de 3 cormorans, qui entrent dans les armoiries des comtes de Bryas.
Portrait de Mme Adelaïde, sœur du roi Louis Philippe.
Danielle a "flashé" sur ce toutou...
Façade arrière du château (partie centrale).
Notre guide va à présent nous faire découvrir le jardin d'eau.
Le CYRANOURS (œuvre de Patrick O'Reilly, sculpteur irlandais) nous indique la direction à prendre...
Photo: Danielle.
Le jardin d'eau a été créé par Jacques de Bryas, père d'Etienne, de 1980 à 2010, sur un site de 4 hectares alimenté par 6 sources, avec le concours de l'architecte Albert Guy Feuillastre .Tout a été construit à partir de matériaux de récupération comme la meulière, la brique, l'ardoise ou même des pavés.
De beaux escaliers donnent accès au jardin.
Empruntons-les...
Nous voici réunis devant une étrange sculpture , la Gogotte...
... qui est aussi une fontaine un peu particulière!
L'œuvre qui occupe le centre du jardin est signée de Philolaos Tloulas.
Bassin.
Photo: Marcelle.
Contemplation du jardin.
Perspective depuis le bassin aux grenouilles.
En voici une autre...
photo: Jacques.
Dominique et Bénédicte ont tenu à poser devant la perspective.
La visite est finie. Retour vers le château.
Une demeure en pleine nature...
Remontée vers les voitures...
Nous admirons cet arbre superbe.
Dernier coup d'œil sur le château...
Nous avons appris aussi que Léon, fils naturel de Napoléon, fruit de sa relation avec Eléonore Dennelle de la Plaigne, a été mis en nourrice au château et y a passé son enfance. L'Empereur l'avait confié en 1803 à Mathieu de Saint Laurent, notaire à Paris, qui fut aussi préfet et baron d'Empire, propriétaire alors de Mauvières. Le dit Léon tourna mal, paraît-il.
Plusieurs films de télévision ou de cinéma ont été tournés dans la propriété.
De temps à autre , y sont accueillies des expositions artistiques.
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