lundi 22 août 2022

19 AOUT : A LA DECOUVERTE DE CHOISEL, village des Yvelines, sur les pas de Michel Tournier, d'Ingrid Bergman, et de Michel Rocard.

 Vendredi 19 août, j'ai retrouvé mon ami Didier Rousselet pour une nouvelle rando en Hurepoix. J'avais décidé d'expérimenter avec lui un nouveau parcours: il s'agissait d'aller à la découverte de CHOISEL et de ses environs en partant du château de Breteuil qui se trouve sur cette commune.

Nous avons pris notre temps, nous arrêtant souvent (parfois pour prendre des photos bêtes -à ma seule initiative!- de nous plantés devant la maison de Tournier, celle d'Ingrid Bergman, et celle de Michel Rocard!). Nous avons bien bavardé,et bien marché, en prenant notre temps.  J'étais content pour ma part d'avoir fait assez facilement ce parcours - Didier, lui, grand marcheur devant l'Eternel, était frais comme un gardon à l'arrivée. Il lui a fallu être patient, car mon pas est plus lent !

Nous avons commencé par une photo souvenir devant la grille du château, qui a précédé une petite présentation de celui-ci.

Pas très souriants les deux, préoccupés par la prise de vue opérée par un monsieur (un peu perfectionniste) qui a bien voulu nous rendre ce service.

Didier, ou l'art de la pose.

Bien qu'il ait tout d'un château du début du XVIIe siècle, avec son parement de briques, sa date de construction est plus compliquée à établir. Au XIe siècle existait déjà une seigneurie sur le site. Puis au XVIe un manoir fut construit, dont la structure était déjà celle de l'actuel bâtiment. Des modifications intervinrent au XVIIIe et au XIXe siècles.

Le château appartient depuis 1712 par héritage à l'illustre famille de Breteuil , d'origine normande, qui a donné à la France plusieurs ministres, sous Louis XIII, Louis XV et Louis XVI et une grande dame férue de sciences et de philosophie, compagne de Voltaire: la marquise du Châtelet (née de Breteuil). L'ancêtre de la famille, Guillaume Osbern, a été fait comte de Breteuil en 1066 par Guillaume le Conquérant, dont il était le plus proche compagnon. Henri de Breteuil, au XIXe s, était un intime du futur roi d'Angleterre Edouard VII: n'en jetez plus!

L'actuel propriétaire, Henri-François de Breteuil, l'est depuis 1967. Après avoir fait rénover le château, lui et son épouse Séverine l'ont ouvert au public en 1969.

C'est parti pour la rando !

Nous prenons à droite du château un chemin qui va nous amener, en tournant toujours sur la gauche aux croisements, à longer le mur d'enceinte du domaine.

Nous nous engageons sur une belle allée paisible et ombragée, qui va nous mener dans la vallée, où se trouve le village de Choisel.

Un panneau bientôt nous indique que le site du château s'appelle en fait BEVILLIERS. L'éthymologie de cette appellation est "BIS VILLAE", référence au fait que s'y trouvaient à l'origine deux villas gallo-romaines.

Nous longeons en effet le mur d'enceinte du château.

Au bout du chemin, un espace aménagé attire l'attention.

On y trouve la fontaine Saint Paul, édifiée au XIXe siècle en hommage à Paul, un enfant de la famille de Breteuil, mort à 10 ans.

Dans la lucarne une statuette de Saint Paul.
Une inscription au flanc de la fontaine rappelle que le site a été rénové en 2016 par de jeunes bénévoles internationaux avec le soutien de la commune et du Parc Naturel;

Nous débouchons alors sur la RD41, que nous suivons sur 200 m avant d'emprunter à droite la route de la Rimorère, puis à gauche la rue du Lavoir qui va nous mener au village.

A l'approche du village, nous découvrons un autre espace aménagé à proximité d'un lavoir de forme carrée et clos, ce qui est original.

Petit coup d'oeil à l'intérieur du lavoir.

De là, on découvre une jolie perspective vers l'église du village.

Autre vue.

Nous débouchons sur un rond point au fond duquel se dresse fièrement l'église du village. Ah, la maison de Michel Tournier ne doit pas être loin, puisqu'il habitait l'ancien presbytère.

Eh oui, nous la trouvons dans la rue qui prend à droite. Surprise: sans la croix sculptée au dessus de la façade, on croirait plutôt une belle maison de maître ! J'avais en tête une photo de l'écrivain prise dans sa propriété, mais on voyait en arrière plan un bâtiment ancien , que je croyais être le fameux presbytère - en fait il s'était fait photographier devant la paroi de l'église proche. D'où ma surprise en découvrant ce bâtiment d'allure surprenante pour un presbytère.

Michel Tournier y a vécu jusqu'à sa mort en 2016, à l'âge de 92 ans.Il a reçu ici pas mal de personnalités, dont le président Mitterrand -notre Mitterrand ! Il est enterré dans la propriété, sous un arbre choisi par lui. On peut y lire l'épitaphe suivante: "Je t'ai adorée, tu me l'as rendu au centuple, merci la vie!"
A part ça, on s'est bien coupé les pieds mutuellement, hein Didier?

Nous faisons le tour du rond point, et nous voici déjà sur les pas d'Ingrid Bergman!

Didier est interpellé par la pancarte qui porte l'inscription suivante: "Bar associatif:la Maison d'Ingrid". Une première référence à l'actrice dans le village. Un hommage. Mais ce bar n'est pas installé dans la maison d'Ingrid.

Un peu plus loin s'élève l'ancienne mairie: on peut lire sur sa façade: "Centre culturel Ingrid Bergman". C'est un autre hommage de la commune à sa célèbre habitante. Mais contrairement à ce qu'affirme un journal mal informé, ce bâtiment n'était pas la maison d'Ingrid. Elle se trouve ailleurs, au hameau de La Ferté.

Nous découvrons plus loin avec étonnement une autre (belle) entrée du château de Breteuil qui donne directement sur cette place du village. Le parc du château dévale donc jusqu'au fond de la vallée.

Ici une curiosité: la vieille appellation de ce local: POMPE A INCENDIE.

Du côté droit du rond point, un restaurant qui a l'air bien sympathique.

Nous empruntons alors la route de la Grange aux Moines, qui va nous ramener sur le plateau via le hameau de La Ferté. Le nom de cette route est une référence à une ancienne abbaye disparue qui se situait à l'extrémité de ce hameau. 

Au sommet de la côte, nous voici à l'entrée du hameau de La Ferté.

Le hameau de La Ferté comporte beaucoup de demeures anciennes joliment restaurées, sans doute pour certaines des résidences secondaires. Il a séduit des célébrités: Ingrid Bergman, Michel Rocard... Il faut dire que le calme des lieux est impressionnant.

On devine de belles propriétés derrière les hauts murs.

Nous arrivons à l'extrémité du bourg, et cherchons à localiser la propriété d'Ingrid Bergman, que nous devrions trouver par ici: car elle doit correspondre au site de l'ancienne abbaye. D'après nos renseignements, à la suite de sa vente, elle a été partagée entre 4 propriétaires différents ,et l'ancien domaine  correspond donc  aux numéros 43, 45 et 45 bis de la route de la Grange aux Moines.

Nous voici au n° 43. On distingue un bâtiment ancien à lucarnes, peut-être un ancien bâtiment de ferme présent sur la propriété. D'après une photo publiée lors de la vente, la maison d'Ingrid était plus neuve, en meulière me semble-t-il, et la propriété était agrémentée d'une piscine.
Ingrid Bergman et son époux d'alors Lars Schmidt, un homme de théâtre qui a été longtemps directeur du théâtre Montparnasse, ont acheté la Grange aux Moines en 1958. A partir de 1976, après sa séparation d'avec son mari, Ingrid y venait seule. Après la mort d'Ingrid en 1982, son ex mari est revenu dans la propriété jusqu'en 1998;

Voici  une autre entrée au n°43bis, qui bien que non citée par notre source, doit logiquement correspondre aussi à la même propriété.

Nous longeons en poursuivant notre chemin un vieux mur d'enceinte: nul doute qu'il s'agisse de celui de l'ancienne abbaye , et donc c'est bien sur le site de l'ancienne abbaye qu'Ingrid Bergman avait sa propriété.

Didier pose enfin devant la propriété de Michel Rocard, notre Rocard, au n° 36, du côté droit de la route de la Grange aux Moines.

Petit coup d'oeil indiscret par dessus la clôture: belle propriété familiale, M. Rocard!

Sous un ciel nuageux, nous arrivons enfin sur le plateau, très dégagé ,occupé le plus souvent par des champs de céréales.

On distingue au fond les arbres d'une pépinière: c'est la pépinière de la Haye du Frêne, créée en 1650 pour fournir ormes et tilleuls aux jardins de Louis XIV; aujourd'hui, elle fournit en arbres les parcs publics ou privés;

De quoi nous situer dans le paysage. En continuant tout droit, on peut gagner Rambouillet à pied.

Ce poirier solitaire est un rescapé. Il n'y a pas si longtemps, ils étaient 2. Dans la 1e moitié du XXe siècle, on tirait des poires une eau de vie destinée aux ouvriers agricoles.Puis on préféra le vin. Et avec la mécanisaton, on a eu moins besoin d'ouvriers agricoles, les arbres gênaient et donc on s'est mis à les arracher.

Nous longeons le bois de la Grange aux Moines, situé derrière ce site.

On distingue maintenant au fond une longue allée de peupliers: elle mène au château. A droite, on aperçoit un bâtiment de ferme.Et tout à fait à droite on distingue le début d'une longue file d'arbres, des poiriers. Rare route bordée de poiriers qui a été un site très prisé des cinéastes , et apparaît donc dans de nombreux films.

Nous voici arrivés devant la grande ferme de la Fillolière, qui appartient sûrement aux chatelains de Breteuil. Autrefois à Choisel on élevait des vers à soie, et ce jusqu'au début du XXe siècle. C'était donc une ferme à soie, ce qui exlique son nom.

Nous voici devant la mare de la ferme, envahie de roseaux. Au fond se dresse un poirier, il y en avait 4 autrefois! Ces mares sont entretenues au bénfice de la biodiversité: crapauds, grenouilles, tritons ou libellules peuvent y prospérer.

Me voici immortalisé devant un lieu qui m'est cher, mais que je ne reconnais plus. Combien de fois suis-je venu tard le soir photographier le profil des poiriers sur fond de soleil couchant, et leur reflet dans l'eau de la mare. Des clichés que je ne pourrais plus faire: certains poiriers ont disparu, la mare est remplie de roseaux, plus de reflets possibles. C'est certainement bien pour la biodiversité, mais ça m'a rendu triste !
Voici par exemple 2 des photos que j'avais prises à cet endroit:



Ce lieu pour moi a perdu sa magie.
On peut voir l'ensemble de la série de ces clichés en cliquant sur:

A partir de la mare commence la rare allée bordée de poiriers chère à de nombreux cinéastes. Mais elle est actuellement en travaux, nous rebroussons chemin.

On rejoint le château par la magnifique route bordée de peupliers d'Italie, qui commencent à se colorer légèrement.

Didier est séduit par la belle perspective en direction du château.

Moi aussi !

Une petite pause rafraichissement et grignotage avant de remonter en voiture. Nous n'avons plus guère le temps de visiter le château . Ce sera peut-être pour une autre fois...