dimanche 26 mars 2023

19 MARS 2023 : VISITE GUIDEE DU CHATEAU DE SAINT JEAN DE BEAUREGARD ET DU COLOMBIER ET DECOUVERTE DU POTAGER FLEURI.

Pour cette 1e sortie de la 14e année des visites et randonnées du Hurepoix's band, le temps était maussade, parfois pluvieux. Mais il n'a pas véritablement nui à notre visite. 

La guide prévue étant tombée malade, c'est le propriétaire lui-même, François de Curel, descendant d'une grande famille aristocratique, les Riquet de Caraman, qui a assuré la visite. Du temps que je faisais des reportages pour le Républicain de l'Essonne, on me confiait toujours ceux qui concernaient les fêtes des plantes et autres manifestations organisées dans le domaine, et je connaissais donc M. de Curel, qui  a eu la gentillesse de nous offrir la visite. Nous avons décidé de faire don de la somme prévue pour la guide à l'association des Amis du château.

Notre visite s'est déroulée le jour de la réouverture du château.

QUI ETAIT LA?

Tout d'abord, les historiques, qui participent à nos sorties depuis le début du HB : mes anciens collègues du lycée Jean Jaurès de Chatenay-Malabry et parfois leurs conjoints : Jean Marie Fabre (maths) et Michelle son épouse; Florence Poirson (ancienne collègue de Lettres) et Claude; Dominique Michel (Lettres) et Jacques; Jeanine Monteil (maths). Sylvie Geslot , qui nous a rejoints fidèlement depuis quelques années, et Thérèse de Solliers (ancienne enseignante aussi), que nous accueillons parmi nous pour la première fois, sont des amies de Florence.J'ai connu Michèle Guillaume et son mari Henri à l'occasion de mes reportages pour Le Républicain : ils sont membres d'une association patrimoniale de Gometz la Ville et participent depuis longtemps à nos sorties. Et puis, quelques amies du " groupe  du parc Nord des Ulis", habituées de nos sorties depuis quelques années, étaient là aussi : Francine Lalou et Odile Marteau, les inséparables, Michèle Lebedel (ancienne institutrice qui a longtemps exercé à Chatenay Malabry) et Yvette Roussel (ancienne institutrice aussi - le corps enseignant est donc bien représenté). Nous étions donc 16, un bon groupe de visite...

       De gauche à droite: Francine, Michèle L, Jeanine, Michelle G, Florence, Henri, Michelle F, Jacques, Claude, Sylvie, M. de Curel, JM, Thérèse, Dominique, Jean-Marie, Odile. Yvette prend la photo.
                                      Et sur cette photo, 2e en partant de la droite: Yvette.

                                                                  LA VISITE :

Cela a commencé par une traversée du parc sous parapluies pour gagner le château...

M. de Curel nous a d'abord amenés à l'arrière du château pour nous faire admirer la vue qui se déploie de là. Occasion de constater que le château est construit sur un promontoire qui domine la région. D'où le nom d'origine du site, Montfaucon (référence à l'oiseau de proie qui se perche en hauteur pour repérer ses proies). 

Notre guide nous a fait aussi un petit historique du domaine.

Vue arrière du château.
(Photos archives JMS).
Le château a été construit en 1612 pour François Dupoux, conseiller du roi Louis XIII en remplacement des ruines du château médiéval de Montfaucon. Le site change de nom: Montfaucon (qui évoque un sinistre gibet parisien) est remplacé par Beauregard - référence à la vaste vue qui se déploie sur les bois et la campagne depuis les fenêtres du château en direction de Montlhéry. La construction du château s'étend sur 25 années. Certains ajouts à la première construction seront donc apportés ultérieurement.

En contrebas de la façade orientée vers les bois et la campagne , un petit jardin à la française se déploie. En mars, il n'est pas encore fleuri. Une orangerie se dissimule aussi plus bas.

Nous observons ensuite la façade principale, surmontée d'un toit à la française. Nous apprenons qu'à l'origine l'entourage des fenêtres était en brique rouge, élément caractéristique du style Louis XIII, mais qu'ensuite la brique a été recouverte par un enduit. Le reste du bâtiment, dans sa partie centrale, est en grès. Les grandes baies vitrées au rez de chaussée sont plus récentes. Leur forme en anse de panier évoque plutôt le règne de Louis XIV.

LA VISITE DU CHATEAU:
Les photos n'étant pas autorisées à l'intérieur, on n'en verra rien.
Après François Dupoux , le château connaît différents propriétaires, et en 1879 il est acquis par le comte Riquet de Caraman, dont les propriétaires actuels , la famille de Curel, sont les héritiers.
Après avoir découvert l'escalier d'honneur d'époque Louis XVI, orné de portraits de membres illustres de la famille de Caraman, on visite plusieurs pièces du rez- de chaussée en enfilade, disposition caractéristique du XVIIe siècle :  un vestibule, orné par des portraits de la duchesse de Padoue , née de Montesquiou, et de sa fille *, un magnifique salon 18e traversant très lumineux, orné de fresques neoclassiques, depuis lequel se déploie la vue vers Montlhéry sur 40 km; une salle à manger 18e, un salon vert du 18e aussi, une bibliothèque du 19e contenant 4000 ouvrages, qui sert aussi de  salle de billard ou fumoir réservé aux hommes. On découvre des pièces d'ameublement diverses , et des portraits ou documents liés à la famille de Caraman, que notre guide nous a commentés savamment.
* L'épouse du comte Riquet de Caraman était la fille du 2e duc de Padoue, propriétaire du château de Courson.
QUELQUES FIGURES MARQUANTES DE LA FAMILLE DE CARAMAN:

Pierre-Paul Riquet (1609-1680)
Receveur des gabelles en Languedoc, il conçut et réalisa (en partie à ses frais) le canal du midi avec l'accord de Colbert et fut annobli en 1666.

Victor-Maurice, comte de Caraman (1727-1807).
Arrière petit-fils du précédent, 4e comte de Caraman. Lieutenant général du Languedoc en 1775 et lieutenant général des armées en 1780.
Engagé dans l'armée à 13 ans, il est capitaine à 15 ans, et colonel à 25 ans. Proche de la famille royale, il conçut un parc à l'anglaise autour de son château de Roissy (emplacement actuel de l'aéroport). Marie Antoinette, favorablement impressionnée par cette réalisation fit appel à lui pour dessiner les jardins du hameau de la Reine.
Un de ses fils,  Maurice Gabriel de Riquet, baron de Caraman (1765- 1865) servit un temps Napoléon 1er . On peut voir au château un rare document : une lettre de Napoléon, en 1814, au moment de son abdication, à celui qui était alors son officier d'ordonnance, le remerciant de ses services.
Louis-Charles -Victor Riquet de Caraman, 1er duc de Caraman (1815-1839).
Fils de Victor-Maurice et frère aîné de Maurice Gabriel , il fit une carrière de diplomate, et fut notamment ambassadeur en Autriche. En 1828, il reçoit le titre de duc pour les services rendus à l'état. On peut voir au château des cadeaux à lui offerts par l'Empereur d'Autriche.

(PHOTOS INTERNET).

SUITE DE LA VISITE:

Derrière cette superbe grille d'honneur du XVIIe s, se déploie sur 1km et demi l'ancienne allée d'honneur, bordée de tilleuls, qui menait au château. Elle est classée aux Monuments historiques. Cet accès au domaine a été abandonné au profit d'une nouvelle entrée du côté du village (photo archives jms).


Le pigeonnier du XIII e siècle serait le plus grand d'Ile de France. Haut de 13 m, il comporte 4500 boulins (cavités abritant chacune un couple de pigeons). Le nombre de boulins reflètait l'importance du domaine (2000 ha à l'origine). On consommait la viande des pigeons , et leurs excréments (la colombine) servaient d'engrais pour le vaste domaine agricole entourant le château .

Un dispositif en bois tournant flanqué d'échelles sur les côtés permettait d'accéder aux boulins pour les nettoyer. La gestion du colombier occupait 2 hommes à temps complet (Photo: Michelle Guillaume)

Autre vue de ce dispositif (Photo: Claude Poirson).

Petite observation extérieure: les ouvertures permettant aux pigeons d'entrer dans le colombier et d'en sortir étaient fermées au moment des semis.Les volatiles étaient donc enfermés. On remarque une sorte de cerclage qui fait le tour de l'édifice à mi hauteur: il était destiné à empêcher les rongeurs de grimper. On badigeonnait de chaux le bâtiment pour éviter les maladies.

Les communs prolongent le château sur sa gauche (Photo: Michèle Lebedel).

Mentionnons aussi les belles écuries bien conservées (Photo: Michèle Lebedel).

Vue rapprochée (Photo: Michèle Lebedel).

Le site comprend aussi une glacière et la chapelle Saint Jean (en plus de la chapelle intégrée dans le château) qui sert d'église au village. Et un vaste parc largement boisé. Et bien sûr le potager fleuri.

A LA DECOUVERTE DU POTAGER FLEURI:
Nous avons ensuite visité librement le fameux potager fleuri "à la française" du domaine. Il s'étend sur 2 hectares. Il est typique des potagers du XVIIe siècle, qui sont rares à avoir survécu. Il permettait à une dizaine de personnes de vivre en autarcie. Ses caractéristiques : il est clos de murs; il mêle fruits, légumes et fleurs. Il est conçu de façon très géométrique : à partir du bassin central, 4 allées rayonnent, déterminant 4  carrés. Chaque carré est bordé d'arbres fruitiers en espalier. Chaque carré enfin est divisé en 4 parcelles de légumes entourées de fleurs de saison. Il est complété par un beau verger. Des serres à raisin y sont installées et des "sauts de loup" (fossés remplis d'eau) empêchent les grands animaux d'accéder au jardin.
En mars la jonquille et le narcisse dominent. Les autres plates bandes de fleurs viennent tout juste d'être plantées.
Ce jardin a été classé aux Monuments historiques en 1993, et promu "jardin remarquable" en 2005. 

Plates bandes le long du mur de cloture.

C'est parti pour une agréable visite...

On aperçoit au fond le verger.

Fleurs au bord du verger (Photo: Michelle Guillaume).



                                                                 Fleurs parmi les fleurs.

Une des grandes allées qui convergent vers le bassin central.

Le bassin central. Photo: Claude Poirson.

Photo : Michele Lebedel.

Echappée fleurie au delà d'un des "sauts de loup" du jardin.

Aperçu du mur d'enceinte et des arbres en espalier qui closent chaque carré.

On voit bien ici la division d'un carré en 4 parcelles de légumes.

Parcelles de légumes, et au fond: les serres à raisin.

Parterre de fleurs et arbre en espalier au bord d'un des carrés (photo: Claude Poirson).

On découvre ici une chambre de conservation du raisin qui utilise un procédé mis au point à Thomery (il y en avait une, rappelez-vous, chez Rosa Bonheur).

Il s'agit d'un procédé permettant au raisin de garder toute sa fraîcheur pendant 6 mois. Voici l'explication:

Photos: Michelle Guillaume.

Sur le chemin du retour:

Quelques jolies fleurs encore au passage.




UN PETIT POINT SUR LA FAMILLE DE CARAMAN :

. En 1879, donc Georges Riquet de Caraman (1845-1931) et son épouse Marie Adèle Henriette née Arrighi de Casanova de Padoue (fille du 2e duc de Padoue, propriétaire du château de Courson) achètent le domaine de Saint-Jean de Beauregard.
. La famille Riquet de Caraman, d'origine languedocienne, a été anoblie au XVIIe siècle, en 1666. Pierre- Paul Riquet (1609-1680 ) s'était illustré en construisant le canal du midi.

. En 1888, à la mort du 2e duc de Padoue, le comte Georges Riquet de Caraman et son épouse héritent du domaine de Courson.

A ce moment là, cette famille est propriétaire des 2 châteaux (Courson et Saint-Jean de Beauregard).

 Les familles propriétaires actuelles de ces châteaux descendent toutes deux de Georges Riquet de Caraman et son épouse.

. UN PETIT POINT SUR LES DUCS DE PADOUE:

. Le titre de duc de Padoue a été attribué par Napoléon à un de ses cousins corses le général Jean-Toussaint Arrighi de Casanova (1778-1853). 
. En 1844, par mariage, il devient propriétaire du château de Courson. Son fils Ernest, 2e duc de Padoue, hérite de ce château en 1853. Jusqu'à ce que George Riquet de Caraman, époux de la fille d'Ernest, en devienne propriétaire à son tour en 1888.

FIN.

A bientôt la suite de nos aventures en Hurepoix ou au delà...







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