jeudi 30 novembre 2017

26/11/17: A la découverte du quartier de la Butte aux Cailles et sur les traces de la Bièvre à Paris avec mon ami Didier,habitant du quartier:

Première sortie parisienne pour le Hurepoix'band! Alors, on trahit le Hurepoix? Que nenni! Nous étions bel et bien en Hurepoix! Car ce pays d'Ile de France, à l'origine, "montait" jusqu'à la rive gauche de la Seine, précisément jusqu'au confluent de la Bièvre, une des rivières du Hurepoix, et de la Seine. Rappelons aussi que la Butte aux Cailles, jusqu'en 1860, faisait partie de Gentilly, commune du dit et redit Hurepoix!


Nous fûmes un bon groupe de 15 à suivre pendant quelques 2h30 notre guide vénéré Didier à travers le 13e arrondissement, par un froid vif qui n'a pas eu l'air  de refroidir la soif de découvertes  des participants... Etaient au rendez-vous, devant la mairie du 13e: Jean-Marie et Michelle, Jeanine, Simone et sa copine Josette, Bénédicte et Sandra,une amie andalouse (anciens profs de Chatenay et leurs proches), Jaja et son amie Marcelle (encore des profs), Danielle (ancienne collègue du lycée de Gif) et son époux Reynaldo, Michelle et Henri G., de Gometz la Ville, venus eux aussi avec une amie, prénommée Michelle elle aussi.
Né dans le quartier, Didier, après avoir longtemps vécu à l'étranger, et notamment aux USA, est revenu y habiter. Et son inlassable curiosité, comme son goût de la marche, le poussent à explorer tous les coins et recoins du nouveau cadre de sa vie. J'avais pu profiter de ses lumières en août 2016, et m'étais dit qu'une telle balade pourrait intéresser le groupe. Il a accepté, entre deux voyages, de "faire le guide " pour nous : il adore ça!
La sortie a semble-t-il été très appréciée: remerciements transmis à Didier!(1)

                                                             Photo: JAJA.
Autour de Didier et JM, dûment casquettés, on reconnaît au premier plan Marcelle, Josette et Danielle en plein shot photographique, au second plan à gauche Bénédicte, avec à sa droite Sandra, une amie à elle,et à sa gauche la moitié du visage de Simone; au fond à gauche, la partie supérieure du chef de Jean-Marie et à sa droite 1/3 du visage de Michelle G sans doute...

A LA DECOUVERTE DE LA BUTTE AUX CAILLES:
Nous avons fait un seul grand circuit dans le quartier incluant les deux thèmes de la balade. Pour des raisons de clarté nous séparerons notre exposé en deux.

La Butte aux Cailles était à l'origine une colline de 62 m de haut, recouverte de prés et de bois, surplombant la Bièvre. Plusieurs moulins à vent y étaient édifiés.
Elle tient son nom de Pierre Caille qui en 1543 en devint le propriétaire!
Ce n'est que depuis 1860 qu'elle fait partie de Paris, elle appartenait auparavant à la commune de Gentilly, ville  située dans l'ancien Hurepoix.
Elle est aujourd'hui incluse dans le XIIIe arrondissement de Paris, à l'ouest du quartier hyper moderne du nord de l'avenue d'Italie, caractérisé notamment par ses tours et buildings divers.
La Bièvre, elle, y a été couverte par des travaux réalisés de 1864 à 1935.





La visite commence: Didier présente le quartier
On reconnaît au centre de g à dr Bénédicte et Simone, à droite Jean-Marie et Jeanine.




Contrastes: vue de la tour Rubis, une des grandes tours de l'avenue d'Italie (Didier, qui ne craint pas la modernité, y habite, au 21e étage!) depuis la Butte aux cailles.







Nous voici à présent place Paul Verlaine (anciennement place du puits artésien).Ce puits y existe toujours; à l'origine c'était une idée d'Arago pour alimenter le quartier en eau et déverser le surplus dans la Bièvre dont le débit était devenu insuffisant; après diverses péripéties, en 1903 le forage atteint la vaste nappe d'eau présente sous le bassin parisien, ce qui fait jaillir l'eau comprimée par des couches argileuses : elle est captée à 582m de profondeur à la température de 28 degrés. En 2000, on creusera jusqu'à 620 m. L'eau qui en sort est  potable et prisée des gens du quartier, qui viennent souvent s'approvisionner à la fontaine liée au puits. Elle n'a plus alimenté la Bièvre quand celle-ci a été couverte.




Un monument rappelle que le premier vol officiel en Montgolfière de Pilâtre de Rozier a atterri  le 21 novembre 1783 non loin de cette place, à l'angle des actuelles rues Bobillot et Vandrezanne.

On reconnaît de g à dr au premier plan: Reynaldo, Danielle, Jaja, Marcelle, Simone. Au  fond de g à  dr: Sandra, Josette, Bénédicte, Michelle ép de Jean Marie (au fond),Michelle, amie de Michelle G, Michelle et Henri G.





La piscine de la Butte aux Cailles voisine, construite en briques entre 1922 et 1924,  a longtemps été alimentée en eau grâce au puits artésien, ce n'est plus le cas.




La rue de la Butte aux Cailles est bordée de divers restaurants à terrasses. En arrière plan, on aperçoit celui qui s'appelle "le temps des Cerises", référence à la Commune de Paris.




Les 24 et 25 mai 1871, lors de la "bataille de la Butte aux Cailles", les Fédérés de la Butte aux Cailles ont repoussé à quatre reprises les troupes versaillaises (Photo août 2016).


Cet autre restaurant par son nom fait référence à l'importante activité de tannerie qui existait autrefois le long des rives de la Bièvre (Photo août 2016).

Une curiosité: de nombreuses rues portent le nom du propriétaire du terrain où la partie de la ville correspondante a été construite.

A un angle de rue, un miroir malicieux où se fait prendre notre Bénédicte (photo de la malicieuse Danielle).

Nous voici dans une rue intéressante à plus d'un titre.

Les "artistes de rue" s'en donnent à cœur joie pour décorer les murs.

Il s'y trouve une librairie qui  entretient le culte de la Commune de Paris.

De nombreux ouvrages présentés dans la vitrine y sont consacrés.

Street art (suite):

Ici une réalisation d'une certaine Missitic orne le mur.

Autoportrait probable de l'artiste?

Une autre œuvre de la même artiste.



Autres exemples de street art dans le quartier.

Et aussi celle-ci... Photo: Danielle.


Le passage Barrault a gardé ses anciens pavés. Il nous amène au pied de la butte, où coulait la Bièvre.

Ici une curieuse plaque, qui interdit le passage aux véhicules de plus de 3 tonnes. Cela vient du fait que le quartier a été construit sur d'anciennes carrières inégalement remblayées, et un poids excessif ici risquerait d'entraîner l'écroulement de la rue. Cette caractéristique a aussi permis au quartier d'échapper à la construction d'immeubles lourds, ce qui fait qu'il a gardé son cachet de village.

Au 10 rue Daviel, la "petite Alsace" est un ensemble de pavillons ouvriers construits dans un style alsacien. On aperçoit à droite le toit  de la "petite Russie", d'autres pavillons ouvriers où ont vécu des "russes blancs "émigrés (Photo août 2016).

Les pavillons de la" petite Alsace"sont organisés autour d'une cour centrale rectangulaire de 500 m2.

Nous découvrons ici une autre curiosité : un temple "antoiniste" construit en 1913.

Le culte antoiniste , culte guérisseur d'inspiration chrétienne, a été fondé en 1910 le belge Louis Joseph Antoine (1846-1912).


Sur la façade de l'ancien Institut National Supérieur des Télécommunications, rue Barrault, on peut voir un bas relief daté de 1962 et dû au sculpteur Félix Joffre qui présente les différentes" forces élémentaires"  utilisées au cours des âges pour les transmissions à distance: la vue, les pigeons voyageurs, une trompette, le feu (signaux de fumée), la frappe dans les mains, et le cri.

Ces dames sont très admiratives devant cette sculpturale figuration des moyens de transmission utilisés par l'homme.

Nous voici devant l'église Sainte Anne , construite au croisement des rues de Tolbiac et Bobillot en style romano byzantin entre 1894 et 1912.


Elle est édifiée sur le remblai de couverture de la Bièvre; elle repose  sur 71 pilotis, qui s'appuient sur le soubassement rocheux situé de 16 à 22 m au dessous.
Les deux tours de 55 m ont été appelées Jules et Honorine, du nom des donateurs qui ont permis leur construction.


                                                                                                                            

Tout près, une curiosité: la meilleure boulangerie de Paris; c'est elle qui fournit l'Elysée.


                    SUR LES TRACES DE LA BIEVRE DANS LE 13e 
                                   La Bièvre, rivière du Hurepoix.
On le sait, la Bièvre est l'une des rivières du Hurepoix. Longue de 34, 6 km de long, elle prend sa source à Guyancourt, dans un quartier qui correspondait autrefois aux terres de l'ancienne ferme de Bouviers, et rejoint la Seine au niveau du pont d'Auzterlitz. A sa source, elle est à 159 m de hauteur, et à 37 m au confluent avec la Seine.                                                          
Le mot "bièvre" vient peut-être de "biber" qui signifie "castor" (animal disparu de la région depuis le 13e siècle) ou de "beber" qui signifie "brun", ceci renvoyant à la couleur de ses eaux.
                                                              La rivière disparue.
Au XIXe siècle, en raison notamment des produits rejetés dans son eau par les nombreuses blanchisseries, tanneries, teintureries  qui se sont installées sur ses rives, sans compter les déchets des abattoirs ou des hôpitaux, elle devient vite un égout nauséabond à ciel ouvert, et elle va être canalisée et recouverte sur la plus grande partie de son cours entre 1864 et 1935.
Elle n'est restée à ciel ouvert que jusqu'au parc Haller à Antony.
Les étangs de la Minière à Guyancourt ont été créés au XVII e siècle à partir de ses eaux pour alimenter les fontaines de Versailles.
La Bièvre est donc restée à l'air libre dans des communes comme Jouy en Josas, Bièvres, Igny, Verrières le Buisson ou encore Massy.
                                                            Vers un découvrement?      
Certaines portions de son cours viennent d'être découvertes: un tronçon de 300 m à Fresnes depuis 2003, ce qui a entraîné la création du parc des Prés,  et de 600m à L'Haÿ les Roses depuis 2016, le long de l'avenue Flouquet.
A Paris, des projets dans ce sens ont été envisagés, mais n'ont pas  abouti pour l'instant en raison des coûts nécessaires.
Alors comment retrouver dans PARIS la trace de la Bièvre?
Un certain nombre d'indices existent ou ont été créés.
                                                                             Nord.
                                                                                                                               Sud.
Sur ce plan, Didier a tracé approximativement le ou plutôt les cours de la Bièvre à Paris. En effet, deux bras se séparent à l'entrée dans Paris, un bras mort à l'ouest , qui est le cours d'origine; un bras vif à l'est , creusé sans doute au XVIIIe s, pour assurer un courant plus régulier aux moulins. Ils se séparent à l'entrée dans Paris  et se réunissent en bas de l'avenue des Gobelins.

CLIQUER SUR LE PLAN pour l'agrandir.




La Bièvre, après avoir traversé Gentilly, entre dans Paris par la poterne des Peupliers. On aperçoit ici un pont qui passait au dessus de la rivière autrefois (une rue l'a remplacée). La poterne des Peupliers se trouve un peu au delà.

Des noms de rues ou de lieux sont aussi révélateurs: comme ici le nom de cette rue. Autre exemple:le quartier Glacière, tout proche,  tient son nom de la glace venue des eaux de la Bièvre récoltée en hiver et utilisée pour conserver les aliments.

Un balisage par des plaques de ce type dans certaines rues  permet aussi au curieux de repérer le cours caché de la Bièvre.

Est-ce la Bièvre ? Non, mais Didier voit dans cet espace où a été aménagé une pièce d'eau dont les berges ont été pourvues de plantes aquatiques un clin d'œil à la Bièvre toute proche.

Et de plus cet écologiste épris de modernité qu'est Didier a plaisir à nous présenter ce magnifique  éco quartier flambant neuf comprenant des habitations, une maison de retraite, et une école.

Il y en a un qui prend des notes assidûment!


Nous rejoignons le boulevard Blanqui et nous passons sous le métro.

Autre point de repère : la courbe de certaines rues, comme celle-ci, s'expliquent par le fait qu'elles ont été construites sur le tracé de la Bièvre enfouie.

Cette plaque au sol en atteste.

Nous voici maintenant dans le vaste square  René Legal,  créé en 1936 sur l'emplacement de l'île aux Singes, cernée par deux bras de la Bièvre. Ce nom vient du fait que les bateleurs laissaient leurs singes en liberté sur l'îlot. Le lit de l'ancienne rivière y est matérialisé par une allée d'arbres, à l'origine des peupliers. C'est l'un des sites, avec le square Kellermann ou les abords du Jardin des Plantes, où l'on pourrait assez facilement faire réapparaître la Bièvre à ciel ouvert.

Une curieuse sculpture représentant un hibou orne le square.

Non loin, le cabaret de Madame Grégoire a vu passer bon nombre de célébrités comme Chateaubriand, Lafayette ou encore Victor Hugo...


La belle courbe de la rue Berbier du Mets, ainsi que celle du bâtiment qui la longe, qui n'est autre que l'arrière de la manufacture des Gobelins, nous rappelle une fois encore que nous sommes au dessus du lit de la Bièvre! Une inscription sur la façade rappelait que la manufacture se devait d'entretenir la Bièvre sur tout le tronçon de la rivière passant devant le bâtiment. Elle a bien participé aussi à sa pollution!
Cette aquarelle du début du XIXe siècle nous montre le même endroit du temps où la Bièvre y passait. On voit là aussi  l'abside de la chapelle de la manufacture.

Au passage, coup d'œil sur la superbe fresque murale qui orne ce bâtiment.

Après être passés devant le bâtiment du Mobilier National, nous découvrons le
palais de la Reine Blanche (à gauche), qui se trouvait sur une île de la Bièvre. A droite , on aperçoit une des mégisseries qui bordaient la rivière. Ce palais fut construit  au bord de la Bièvre au début du XVIe siècle par la famille Gobelin, propriétaire de la manufacture. Il tient son nom d'un château antérieur du XIIIe siècle, édifié pour Marguerite de Provence, sœur de Saint-Louis, et dans lequel sa fille Blanche de France, veuve de Ferdinand infant de Castille résidera ensuite. Le château prendra ce nom au XIVe siècle, et après sa destruction, l'appellation restera.. Le blanc était aussi la couleur du deuil pour les Reines.


Nous gagnons ensuite l'avenue des Gobelins.

Au passage, nous admirons la façade monumentale de la manufacture  donnant sur l'avenue. Créée en avril 1601 sous l'impulsion du roi Henri IV, elle tisse toujours des tapisseries pour orner nos monuments nationaux. Ce premier bâtiment, qui constitue une galerie d'exposition, date du XIXe siècle.


On distingue au fond de la cour des bâtiments du XVIIe siècle.



Une dernière curiosité au passage, avenue des Gobelins: un ancien théâtre qui abrite aujourd'hui une cinémathèque spécialisée dans le cinéma muet.

FIN de la balade.

Merci encore Didier !

A l'année prochaine pour de nouvelles aventures en Hurepoix ou aux environs!





















                 









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