Le cadre prestigieux de la maison de Chateaubriand.
Bourgeons et flocons.
Samedi 17 mars, nous étions donc 13 sur place pour déguster le menu prévu . Les anciens profs de Lettres de Châtenay étaient venus en force, parfois avec leur conjoint: Dominique et Jacques, Hélène et Bernard, Bénédicte en étaient. Un lieu comme celui-ci ne peut que séduire des profs de Lettres... Autre ancienne du lycée Jean Jaurès, Eliane était venue, toujours avec sa fille Giliane. S'y ajoutaient Emile, un ami de Dominique, qui apprend le russe avec elle, ainsi que Michèle et Henry, membres d'une association de Gometz la Ville devenus des amis, et votre serviteur.
L'ambiance ce jour-là dans le domaine était particulière: en ce jour de printemps, mais de grand froid, la neige au dehors tombait régulièrement! Bourgeons et flocons se côtoyaient!
Dans la bibliothèque ...
Le thème proposé ce jour-là était : la gourmandise.
Des textes de Chateaubriand, Brillat-Savarin, Alexandre Dumas, Balzac, Victor Hugo étaient notamment au menu.
De l'essor de la gastronomie après la Révolution:
La conférencière proposa préalablement un intéressant exposé sur l'histoire de la cuisine. Saviez-vous qu'en raison de l'exil des aristocrates à la fin du XVIIIe siècle, leurs anciens cuisiniers se mirent à ouvrir des restaurants, d'où un essor considérable de ceux-ci. On passa de 100 restaurants sous la Révolution à 600 sous l'Empire, et 3000 sous la Restauration...C'est de cette époque que date le grand Vefour, près du Palais-Royal, créé en 1784. D'abord café à la mode, il devint un restaurant coté en 1820; ou encore le café de la Paix (1822). Moins onéreux, naquirent aussi les "bouillons", comme celui créé en 1867 par le boucher Duval. On y servait du bœuf bouilli et de la tête de veau vinaigrette.
La bourgeoisie, nouvelle classe dirigeante après la Révolution, fit de la cuisine un signe de son rang social, recherchant les produits rares et chers, soignant la décoration , le service et le linge de table . Saviez-vous encore qu'on a commencé à servir les plats successivement, ce qui n'était pas le cas jusqu'alors? Qu'on dînait vers 15-16h, avant de souper en fin de journée? Au début du XIXe siècle, se développa alors toute une littérature gastronomique: des guides parurent pour les dîneurs de Paris, le journalisme gastronomique prit son essor...Un magistrat, Brillat-Savarin fit paraître en 1825 sa "Physiologie du Goût" qui devint la Bible des gastronomes...
On reconnaît de g à dr Dominique, Bénédicte, Eliane (1e rangée), Michelle F, Hélène, Bernard (2e R), Michèle et Henri, Jean-Marie, Jacques (3er) et cachés Giliane, la fille d'Eliane et Emile,l'ami de Dominique.
D'un texte à l'autre...
Puis on en vint à la lecture des textes proprement dite. On apprit que Grimod de la Reynière (1758-1837), auteur de l' Almanach des Gourmands, considérait que la verdure ne sert qu'à se rincer les dents, et que l'essentiel de la gastronomie est dans l' accommodation des viandes... Chateaubriand soignait ses banquets officiels, comme ambassadeur à Londres, et on doit à son excellent cuisinier le pudding à la diplomate. Il n'est pas sûr que ce soit ce dernier qui ait conçu le "steak Chateaubriand", d'après d'autres sources il serait lié à la ville du même nom. Chez sa maîtresse Pauline de Beaumont, on servait la matelote d'anguilles - poisson très pêché à Paris à l'époque, notamment près de l'actuelle gare d'Austerlitz! La friture de poissons était aussi très prisée. Céleste, l'épouse de notre auteur, réussissait bien le "gâteau de plomb". Elle aimait beaucoup le chocolat, et Victor Hugo lui en offrit pour gagner ses bonnes grâces... Grâce à un texte de Brillat-Savarin, on apprit tout sur l'histoire et les mérites y compris médicaux du chocolat, venu d'Amérique et très en vogue dès le XVIIe siècle. Le "chocolat à l'ambre " faisait paraît-il des miracles chez les dépressifs...
Au dehors, bourgeons et flocons coexistent...
Alexandre Dumas, petit-fils d'aubergiste, avait été initié tôt à la cuisine, et était très fier de ses talents culinaires. Le poulet à la ficelle n'avait pas de secret pour lui. Il publia en 1870, peu avant sa mort, un grand dictionnaire de cuisine. Un de ses textes nous apprit comment organiser sa cave et bien conserver le vin. Saviez-vous que les Romains ajoutaient du sucre dans le vin , où il avait un effet conservateur, mais le faisait ressembler à un sirop. Quant aux grecs, il avaient gardé une ancienne tradition consistant à y plonger des pommes de pin, ce qui donnait à leur production un goût acceptable par eux seuls...Il paraît aussi que les espagnols enveloppaient le vin dans des peaux de bouc, ce qui lui donnait un goût infâme!
Balzac, dans la Rabouilleuse ou encore La vieille fille souligne les mérites de la cuisine de province par rapport à celle de Paris , où l'on ne mange que "du bout des dents"... Dans Le lys dans la vallée, il est question des "rillons de Tours" , "brune confiture" roborative : les camarades d'internat du héros jeune le plaignent de n'en pas avoir dans le colis préparé par ses parents...
Au salon de thé...
Ces lectures autour d'un thème s'avèrent très agréables, pleines de surprises amusantes. Dominique nous proposera sûrement de renouveler l'expérience une prochaine fois.
Et puis il y a ce beau et émouvant cadre du domaine de la Vallée aux Loups, et de la maison de Chateaubriand. Et on peut prendre un thé ou un chocolat après la séance au charmant salon de thé situé dans le parc. Dominique dans son enthousiasme a "payé la tournée".
Merci encore à Dominique pour tout.
JMS
EN SAVOIR PLUS SUR LA MAISON DE CHATEAUBRIAND/
VOIR NOTRE ARTICLE sur: https://jmsattonosrandonnees.blogspot.com/2017/02/4217-seances-de-lectures-sur-le-theme.html
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