mardi 31 août 2021

MARDI 31 AOUT: RETOUR AU TEMPLE DE LA GLOIRE A ORSAY avec Bénédicte.

            Je reviens au temple de la Gloire ce 31 août 2021 pour accompagner notre amie Bénédicte qui souhaitait visiter, avant la reprise de ses cours, cette petite folie neo-classique ou neo-palladienne située avenue des Lacs à Orsay. Nous avons été accueillis par une jeune fille qui nous a guidés. C'était le dernier jour de visite possible.                                                 


                                                                  La faute à Napoléon.

 Eh oui, c'est à cause de Napoléon Bonaparte que cette "folie" (résidence  de plaisance de petite dimension où l'on venait aux beaux jours) a été construite! En effet, le premier consul, ayant pris ombrage de la trop grande popularité du général républicain Jean Victor Marie Moreau  à la suite de sa victoire à Hohenlinden le 3 décembre 1800 en tant que général en chef des armées du Rhin, ne fit rien pour honorer  Moreau à la hauteur de son exploit. Et donc Mme Hulot, la belle-mère de celui-ci, décida de rattraper cela  en faisant édifier en l'honneur de son gendre un " temple de la Gloire"! C'est une victoire décisive en effet qu'il avait remporté, elle devait aboutir au traité de Lunéville signé en 1801, et entraîner 4 années de paix ! A la manière antique, on s'était mis à l'époque à construire des édifices à la gloire des héros guerriers... (l'église de la Madeleine par exemple fut à l'origine un temple à la gloire des héros Napoléoniens). 

Jean Victor Marie Moreau (1764 - 1813).

Eugénie Moreau, née Hulot.

 Moreau, un temps pressenti pour épouser Caroline Bonaparte, avait en effet convolé en justes noces avec Eugénie Hulot, une créole belle et cultivée, familière des Beauharnais. Elle connaissait plusieurs langues, pratiquait la musique, s'illustrait dans l'art de la conversation. Elle tiendra un salon brillant.

Une villa palladienne en Hurepoix!
Le Temple de la Gloire, construit en 1800, est en fait une villa de style neo classique (c'est-à-dire inspirée de l'architecture antique très à la mode à l'époque), ou  neo palladien (référence aux réalisations en Vénétie de l'architecte de la Renaissance Palladio, lui-même influencé par les temples antiques) . L'architecte probable Pierre Alexandre Vignon ( qui construira plus tard l'église de la Madeleine) se serait inspiré de la maison carrée de Nîmes. 

Cette façade est celle que l'on aperçoit depuis la grille d'honneur. La villa, construite en grès, est formée d'un corps de logis central, flanqué de 2 ailes qui s'avancent, délimitant ainsi une petite cour. Le fronton triangulaire au sommet du corps centrale, les pilastres doriques qui encadrent la fenêtre de l'étage, la forme des fenêtres sont autant d'éléments inspirés de l'antiquité, ainsi que la sobriété géométrique de l'ensemble. A gauche se trouvent les communs.


La façade donnant sur le parc fait clairement penser à un temple antique, avec son fronton et son péristyle à 4 colonnes ioniennes. A l'étage se trouve le salon d'apparat flanqué de deux pièces annexes, un boudoir et un fumoir pouvant servir de une chambre à coucher et comportant une salle de bains. Au rez de chaussée se trouve la salle à manger, ainsi que la cuisine et l'office.
La villa surplombe un théâtre de verdure qui descend jusqu'à la pièce d'eau.


La pièce d'eau  est la partie est de l'ancien canal du château d'Orsay, long de 1200 m à l'origine. Au XIXe siècle le domaine d'Orsay fut démantelé et la belle-mère du Général Moreau en acquit une partie où elle fit construire l'édifice. L'actuel lac du Mail à Orsay est l'autre extrémité de cet ancien canal, le reste ayant été comblé.
Le 23 mai 1801,une cérémonie d'accueil est organisée pour  le général Moreau. Il monte sur une gondole pavoisée à l'emplacement de l'actuel lac du Mail sous les acclamations de la population, et arrive dans cet équipage au pied du Temple de la Gloire où il est accueilli par son épouse et sa belle- mère qui l'attendent dans le péristyle! Sa femme  lui jouera un air d'Opéra intitulé "Le temple de la Gloire".

L'extrémité arrondie de la pièce d'eau  fait fonction de "tournebride", c'est-à-dire  permet aux grosses embarcations de pouvoir tourner pour faire demi tour. Le parc actuel fait 1, 5 hectares.

Un semis de délicates fleurs orne le moelleux tapis de verdure où s'enfoncent  les pieds des visiteurs.

LA VISITE INTERIEURE:

A l'étage, un petit salon d'apparat.
Il s'agit d'une pièce de réception assez petite, très claire car ouverte côté parc comme côté cour, et d'une hauteur de 6m sous plafond ! La décoration des parois, assez discrète, est constituée de motifs à l'antique

Un coin salon. Des meubles d'époque mais pas d'origine y ont été installés.

Les fauteuils aux formes caractéristiques sont d'époque Empire.

La harpe rappelle qu'Eugénie Moreau, l'épouse du général, en jouait. A droite, un livret  correspondant à une sonate écrite par Haydn en 1803 en l'honneur de l'épouse du général.

RETOUR A LA FACADE EST:

La salle à manger ouvre sur la petite cour. A gauche on aperçoit des communs, 

AU REZ DE CHAUSSEE:

LA SALLE A MANGER.

Elle a été fraîchement restaurée. Remarquons l'original lustre.

Le mobilier est là aussi d'époque Empire.

Joli fauteuil d'époque.

Et de beaux chandeliers.

Dans la cour, attenant aux communs, un joli bassin couvert de végétation.

Vue du temple de la Gloire dans la perspective de la pièce d'eau (prise à travers la cloture en fer forgé qui entoure la propriété).

DEVENIR DU TEMPLE DE LA GLOIRE.

* Les relations entre Napoléon Bonaparte et le général Moreau ne s'arrangèrent pas. Celui-ci avait acquis le château de Grosbois, demeure fastueuse où il organisera de grandes réceptions, ce qui insupporta le premier consul. Tombé dans un traquenard organisé par Fouché, Moreau en 1804 fut accusé d'avoir trempé dans une conspiration royaliste. Il fut arrêté, jugé, et condamné, en raison de sa popularité, à 2 ans de prison seulement, que Bonaparte commua en exil. Il se retira aux Usa , laissant le temple de la Gloire à sa belle mère. En 1813, à la demande du tsar Alexandre 1er, il rejoint l'armée russe contre Napoléon et est tué au siège de Dresde. Il est enterré dans l'église Ste Catherine à Saint Petersbourg, et son coeur est à Bordeaux auprès de son épouse. Son nom est tout de même gravé sur la 13e colonne de l'arc de Triomphe.
* Parmi les propriétaires suivants, on peut citer le duc de Padoue , qui finalement revendra vite et acquerra le château de Courson. En 1840, le statuaire et peintre Antoine Etex dont on peut voir encore l'atelier et quelques oeuvres à côté des communs  acquiert la propriété. Il fit venir de Marcoussis le peintre Corot qui réalisa une vue de temple de la Gloire.
* En 1950, un couple anglais sulfureux en devint propriétaire, Sir Oswald Mosley et son épouse Diana , des fascistes anglais ! Il s'étaient d'ailleurs mariés en 1936 chez Goebbels en présence de Hitler! Le mari mourut en 1980, et sa veuve garda la villa jusqu'à sa mort en 1999.
* Le temple de la Gloire est toujours une propriété privée: l'actuel propriétaire (depuis 2007), un passionné d'histoire Napoléonienne, continue à entretenir et rénover la villa. Lors de la fête du patrimoine et chaque été, il fait ouvrir sa propriété au public.
*Le temple de la Gloire est inscrit aux Monuments historiques depuis 1976.

La visite est possible cet été jusqu'à fin août entre 12 h et 18h tous les jours sauf  le dimanche. Se rendre directement sur place sans rdv.
 

vendredi 20 août 2021

VENDREDI 20 AOUT: VISITE DE LA BASILIQUE DE LONGPONT ET PROMENADE DANS LE PARC DE LORMOY avec Didier Rousselet et sa soeur Danielle.

 Retrouvailles avec mon ami de jeunesse Didier et sa soeur Danielle pour leur faire découvrir les secrets de la basilique. Nous avons enchaîné sur une balade dans le parc du château de Lormoy attenant.




On commence par une petite visite détaillée de la basilique.
Voici la teneur de ce qui a été dit:

    LA BASILIQUE NOTRE DAME DE BONNE GARDE:
Elle a été construite au XIe siècle à la place d'une chapelle antérieure par Guy 1er, seigneur de Montlhéry, à l'initiative de sa femme Hodierne de Gometz. Le roi Robert le Pieux était présent à la pose de la première pierre le 25 mars 1031.Trente ans plus tard, Guy 1er et son épouse font bâtir un prieuré (détruit à la Révolution) . Hodierne fait ensuite venir à Longpont 22 moines clunisiens. Ainsi est créé  le premier monastère bénédictin de la région dépendant de l'abbaye de Cluny. La construction de l'abbaye se prolongea dans le temps: la nef est du XIIe siècle, et le portail du XIIIe …Le transept et l'abside étaient certainement gothiques à l'origine. Au XVe siècle , Charles VIII et Anne de Bretagne font restaurer et embellir le portail. Transept et abside, très dégradés seront démolis de 1819 à 1822 , puis reconstruits de 1875 à 1878. En 1913, l'église est érigée en basilique  par le pape Pie X sous le nom de "Notre Dame de Bonne Garde"- ceci en raison de son rôle comme lieu de pèlerinage et de l'importance des reliques de saints qu'elle contient.
La basilique est une étape sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle entre Paris et Etampes.

Façade occidentale de la basilique.
A gauche de la façade de la nef et du portail, s'élève la belle tour clocher, romane à la base et gothique au niveau supérieur.

Le portail.
L'arcade en ogive du XIIIe siècle couronne des sculptures malheureusement mutilées au XVIe siècle lors des guerres de religion. Autour de la vierge sont figurés 4 personnages, à la tête et aux mains mutilés. Les plus proches de la Vierge sont certainement les apôtres Saint Paul à gauche et Saint Pierre à droite (il devait tenir une clef qui a disparu). A gauche de Saint Paul, il s'agirait de Saint Etienne, et à droite de Saint Pierre, de Saint Marcel, évêque de Paris (la basilique possède une relique de ce saint depuis le XVIIe s). Saint Etienne et Saint Marcel ont perdu aussi leur socle. Saint Paul et Saint Pierre sont juchés sur des formes humaines. 

Au trumeau, la vierge porte l'enfant Jésus dans ses bras. Elle fut décapitée au XVIe s pendant  les guerres de religion, et restaurée en 1850. Ses pieds reposent sur deux dragons, l'un à tête de femme, l'autre à tête de serpent, références à la Tentation d'Eve par le Serpent et d'Adam par Eve.

Le linteau.
Dans la partie supérieure est figuré le couronnement de la Vierge. Elle reçoit d'un ange (situé au dessus d'elle) la couronne, et du Christ un sceptre fleuri. De part et d'autre, sont figurés deux anges.
Dans la partie inférieure sont représentés à gauche la Dormition de la Vierge, déposée sur son lit de mort par les apôtres. A droite, c'est l'Assomption: Jésus (tête auréolée) vient chercher sa mère. 

  Les voussures. (Cliquer pour agrandir).
Douze autres anges ornent la voussure intérieure et sur la voussure extérieure sont représentées les Vierges sages, au dessus d'un arbre vert, symbole de vie, à gauche, et les Vierges folles à droite, au dessus d'un arbre sec qu'une hache a commencé à abattre, signe de mort  .Tout à fait en haut, à l'intérieur de la pointe de l'arc gothique, est figuré Dieu le père, qui bénit le monde .
De chaque côté du portail, on aperçoit deux niches vides, qui abritaient une statue de Charles VIII ( à gauche) et d'Anne de Bretagne (à droite). Elles ont été enlevées à la Révolution. La statue d'Anne de Bretagne, très abîmée, a été récupérée et placée à l'intérieur au pied de la tour clocher.

Vue latérale de la basilique (côté sud).
On distingue bien à gauche la partie romane aux fenêtres en plein cintre correspondant à la nef, et à droite le transept et l'abside, flanquée de deux absidioles, reconstruits à la fin du  XIXes dans le style gothique d'origine. Cette partie avait été abattue entre 1819 et 1822 car très dégradée.Une croix en pierre figure au sommet du pignon est (à droite).

VISITE INTERIEURE:

La nef centrale vue de l'entrée principale de l'église, qui est en surplomb par rapport à celle-ci. Il faut descendre quelques marches pour accéder à la nef.

La nef est romane, mais elle est voûtée d'ogives gothiques (à l'origine la voûte était en bois, en forme de coque de bateau renversée). Elle est flanquée de deux bas côtés qui aboutissent vers l' est à deux chapelles.

Aperçu des solides arcades et colonnes romanes de la nef.

Certains chapiteaux sont ornés de figures sculptées, qui rappellent la légende de Dame Hodierne, fondatrice de l'abbaye, selon laquelle, voulant contribuer elle-même à la construction de l'église, elle aurait demandé à un forgeron comment porter les seaux qu'elle transportait plus facilement. Il lui aurait jeté une barre de fer chauffée au rouge sous les ricanements de sa femme. Hodierne aurait saisi la barre sans se brûler.

Ici est figuré le visage d'Hodierne.

Ici ce serait le visage de l 'odieux forgeron (ou peut être celui du diable?).

Et voici la figure grimaçante de sa mauvaise femme.

Les bas côtés sont également voûtés d'ogives.

L'autel et le chœur.
La tombe d'Hodierne est enterrée dans l'allée centrale, face au chœur.

Au fond de la chapelle centrale, au centre, se trouve la statue en bois de la Vierge Marie portant l'enfant Jésus. L'originale a disparu à la Révolution. Au pied de la statue s 'élève l'autel de la Vierge en marbre, cuivre et mosaïque (XIXes). Au premier plan, le maître autel en chêne massif a été réalisé par un artisan local. 

La voûte de l'abside.
Elle est décorée d'une fresque réalisée en 1900 par le peintre de Longpont François Zbinden (élève de Puvis de Chavannes).

Cette fresque évoque un culte druidique à la Vierge qui doit enfanter présent à l'origine sur le site: il avait lieu sous un chêne sacré.

Détail de la Vierge à l'enfant.

Détail de l'ange de droite.

De part et d'autre de la statue de la Vierge, dans l'abside,  sont représentés les personnages qui ont fait l'histoire de la basilique.  

Chaque bas côté se prolonge par une absidiole où est installée une chapelle. Il s'agit ici de la chapelle  sud consacrée à Sainte Julienne. L'autre absidiole est consacrée à Saint Denis.On y trouve le caveau de la famille De Maillé de la Tour Landry, propriétaire du château de Lormoy voisin du XVIIIe siècle à 1837.

Différentes statues de saints ornent l'église: ici celle de Sainte Geneviève.

Ici  Saint Patrick.

Un magnifique orgue occupe une branche du transept.

Les fonts baptismaux.

LE RELIQUAIRE.
Il compte 1400 reliques de saints ou de saintes réunies au fil des siècles. C'est le 2e reliquaire de France après celui de Saint Servin à Toulouse. Cachées lors de la Révolution, les reliques ont été préservées, en revanche les châsses d'origine ont été perdues . Celles d'aujourd'hui datent du XIXes. La plus ancienne serait un morceau de voile de la Vierge laissé par Saint Denis lors de son passage à Longpont....



Aperçu du reliquaire.

LE PARC DE LORMOY:
Il faisait partie vraisemblablement de l'ancien parc du château de Lormoy tout proche (devenu maison de retraite en 2012). On peut s'y balader agréablement après la visite de la basilique le long de l'Orge ou autour des différents étangs que comporte le site.

Nous avons opté pour un circuit qui nous a fait passer entre l'étang de Lormoy et celui de Longpont, avec retour en longeant celui de Saint Michel.

QUELQUES IMAGES:
C'est parti !



Vue sur le bassin de Longpont.



Vue sur le bassin et le château de Lormoy.


Sur le bassin de Lormoy.

Autre vue sur le bassin de Longpont.

Puis retour près de la basilique pour un petit goûter discussion assis à l'ombre sur des troncs d'arbres...

A une prochaine fois pour une nouvelle découverte !