lundi 19 mars 2018

17/3/18 : NOS ECRIVAINS ET LA CUISINE : LECTURE DE TEXTES A LA MAISON DE CHATEAUBRIAND.

Pour des petits groupes constitués, par exemple  d'une quinzaine de personnes, des conférencières attachées à la maison de Chateaubriand, à Châtenay-Malabry, proposent des lectures sur des thèmes à définir avec elles dans le cadre prestigieux de la bibliothèque de l'écrivain. Il peut s'agir bien sûr de passages d'œuvres de l'ancien hôte des lieux, mais pas exclusivement. Et certains textes sont issus d'ouvrages non republiés, mais qui font partie du fonds de la maison.

Le cadre prestigieux de la maison de Chateaubriand.

Bourgeons et flocons.
Samedi 17 mars, nous étions donc 13 sur place pour déguster le menu prévu . Les anciens profs de Lettres de Châtenay étaient venus en force, parfois avec leur conjoint: Dominique et Jacques, Hélène et Bernard, Bénédicte en étaient. Un lieu comme celui-ci ne peut que séduire des profs de Lettres...  Autre ancienne du lycée Jean Jaurès, Eliane était venue, toujours avec sa fille Giliane. S'y ajoutaient Emile, un ami de Dominique, qui apprend le russe avec elle, ainsi que Michèle et Henry, membres d'une association de Gometz la Ville devenus des amis, et votre serviteur.
L'ambiance ce jour-là dans le domaine était particulière: en ce jour de printemps, mais de grand froid, la neige au dehors tombait régulièrement! Bourgeons et flocons se côtoyaient!


Dans la bibliothèque ...

Le thème proposé  ce jour-là était : la gourmandise.
Des textes de Chateaubriand, Brillat-Savarin, Alexandre Dumas, Balzac, Victor Hugo étaient notamment au menu.

De l'essor de la gastronomie après la Révolution:
La conférencière proposa préalablement un intéressant exposé sur l'histoire de la cuisine. Saviez-vous  qu'en raison de l'exil des aristocrates à la fin du XVIIIe siècle, leurs anciens cuisiniers se mirent à ouvrir des restaurants, d'où un essor considérable de ceux-ci. On passa de 100 restaurants sous la Révolution à 600 sous l'Empire, et 3000 sous la Restauration...C'est de cette époque que date le grand Vefour, près du Palais-Royal, créé en 1784. D'abord café à la mode, il devint un restaurant coté en 1820; ou encore le café de la Paix (1822). Moins onéreux, naquirent aussi les "bouillons", comme celui créé en 1867 par le boucher Duval. On y servait du bœuf bouilli et de la tête de veau vinaigrette.
La bourgeoisie, nouvelle classe dirigeante après la Révolution, fit de la cuisine un signe de son rang social, recherchant les produits rares et chers, soignant la décoration , le service et le linge de table . Saviez-vous encore  qu'on a commencé à servir les plats successivement, ce qui n'était pas le cas jusqu'alors? Qu'on dînait vers 15-16h, avant de souper en fin de journée? Au début du XIXe siècle, se développa alors toute une littérature gastronomique: des guides parurent pour les dîneurs de Paris, le journalisme gastronomique prit son essor...Un magistrat, Brillat-Savarin fit paraître en 1825 sa "Physiologie du Goût" qui  devint la Bible des gastronomes...

On reconnaît de g à dr Dominique, Bénédicte, Eliane (1e rangée), Michelle F, Hélène, Bernard (2e R), Michèle et Henri, Jean-Marie, Jacques (3er) et cachés Giliane, la fille d'Eliane et Emile,l'ami de Dominique.

D'un texte à l'autre...
Puis on en vint à la lecture des textes proprement dite. On apprit que Grimod de la Reynière (1758-1837), auteur de l' Almanach des Gourmands, considérait que la verdure ne sert qu'à se rincer les dents, et que l'essentiel de la gastronomie est dans l' accommodation des viandes... Chateaubriand soignait ses banquets officiels, comme ambassadeur à Londres,  et on doit à son excellent cuisinier le pudding à la diplomate. Il n'est pas sûr que ce soit ce dernier qui ait conçu le "steak Chateaubriand", d'après d'autres sources il serait lié à la ville du même nom. Chez sa maîtresse Pauline de Beaumont, on servait la matelote d'anguilles - poisson très pêché à Paris à l'époque, notamment près de l'actuelle gare d'Austerlitz! La friture de poissons était aussi très prisée. Céleste, l'épouse de notre auteur, réussissait bien le "gâteau de plomb". Elle aimait beaucoup le chocolat, et Victor Hugo lui en offrit pour gagner ses bonnes grâces... Grâce à un texte de Brillat-Savarin, on apprit tout sur l'histoire  et les mérites y compris médicaux du chocolat, venu d'Amérique et très en vogue dès le XVIIe siècle. Le "chocolat à l'ambre " faisait paraît-il des miracles chez les dépressifs...

Au dehors, bourgeons et flocons coexistent...

Alexandre Dumas, petit-fils d'aubergiste, avait été initié tôt à la cuisine, et était très fier de ses talents culinaires. Le poulet à la ficelle n'avait pas de secret pour lui. Il publia en 1870, peu avant sa mort, un grand dictionnaire de cuisine. Un de ses textes nous apprit comment organiser sa cave et bien conserver le vin. Saviez-vous que les Romains ajoutaient du sucre dans le vin , où il avait un effet conservateur, mais le faisait ressembler à un sirop. Quant aux grecs, il avaient gardé une ancienne tradition consistant à y plonger des pommes de pin, ce qui  donnait à leur production un goût acceptable par eux seuls...Il paraît aussi que les espagnols enveloppaient le vin dans des peaux de bouc, ce qui lui donnait un goût infâme!
Balzac, dans la Rabouilleuse ou encore La vieille fille souligne les mérites de la cuisine de province par rapport à celle de Paris , où l'on ne mange que "du bout des dents"... Dans Le lys dans la vallée, il est question des "rillons de Tours" , "brune confiture" roborative : les camarades d'internat du héros jeune le plaignent de n'en pas avoir dans le colis préparé par ses parents...

Au salon de thé...

Ces lectures autour d'un thème s'avèrent très agréables, pleines de surprises amusantes. Dominique nous proposera sûrement de renouveler l'expérience une prochaine fois.
Et puis il y a ce beau et émouvant  cadre du domaine de la Vallée aux Loups, et de la maison de Chateaubriand. Et on peut prendre un thé ou un chocolat après la séance au charmant salon de thé situé dans le parc. Dominique dans son enthousiasme a "payé la tournée".
Merci encore à Dominique pour tout.

JMS

EN SAVOIR PLUS SUR LA MAISON DE CHATEAUBRIAND/
VOIR NOTRE ARTICLE sur: https://jmsattonosrandonnees.blogspot.com/2017/02/4217-seances-de-lectures-sur-le-theme.html

jeudi 15 mars 2018

SORTIE A MEUDON DU 10/3/18 : 1e PARTIE : UNE VISITE GUIDEE DU MUSEE RODIN DE MEUDON.

Nous étions tout juste 10 pour ce nouveau rendez-vous à Meudon, que nous avaient suggéré cette fois encore les meudonnais de l'étape: Florence et Claude. Une fermeture imprévue du musée Rodin nous ayant obligés à changer la date de cette sortie , nous avions perdu en route cinq participants, non disponibles à la nouvelle date... Nous avons d'abord visite le musée Rodin de Meudon, comprenant "la villa des Brillants", sa maison, et aussi le parc, et la grande galerie des plâtres préparatoires à ses célèbres sculptures. Jeanine et Norbert devant rentrer, nous n'étions plus que 8 pour découvrir (ou redécouvrir) l'exposition de peintures et de photographies sur le thème de la forêt de Meudon prévue au musée historique de la ville. Ensuite, comme prévu, Florence et Claude nous ont généreusement reçus dans leur sweet home pour un petit goûter. Ce fut au total un après midi très sympa. Merci encore Florence et Claude!

                                                    La joyeuse troupe au musée Rodin.
     De g à dr: Janine et Norbert, Simone et Josette, Claude et Florence, Jacqueline, Michèle et Henri.
                                                    (Cliquer sur la photo pour l'agrandir)

Et Jacqueline s'est gentiment proposée pour prendre cette photo, qui nous permet de voir que le GO avait oublié d'aller chez le coiffeur...
                                                  (Cliquer sur la photo pour l'agrandir)
NB: on remarquera le manège de Florence qui tente désespérément de prendre la pose du penseur de Rodin.

                  I-  A LA DECOUVERTE DU MUSEE RODIN:

Une fois la grille du parc passée, on emprunte une longue allée bordée d'arbres dans la perspective de laquelle se profile une haute maison rouge: c'est la villa des Brillants où Rodin (1840-1917) vécut avec sa compagne Rose Beuret à partir de 1893; il l'achète aux enchères en 1895. Le musée Rodin de Meudon, outre cette villa, comporte une grande galerie où les plâtres préparatoires de ses plus célèbres sculptures notamment sont exposés, et un jardin où l'on peut admirer quelques unes de ses œuvres. Le site, qui comporte aussi le tombeau de Rodin surmonté de son fameux "Penseur", a été classé aux Monuments historiques en 1972.

Dans la perspective d'une longue allée bordée d'arbres, une haute maison rouge...

C'est parti pour la visite...

La villa des Brillants, de style neo Louis XIII (Rodin l'appelait "mon petit château Louis XIII"), a été restaurée en 1921 grâce à Mrs Simpson, une mécène américaine dont Rodin avait sculpté le portrait. Une seconde restauration intervient en 1997, avec le souci de la restitution à l'identique du cadre de vie de l'artiste.

                                                  VISITE INTERIEURE DE LA VILLA:
On ne visite que le rez-de chaussée, qui fut ouvert au public dès 1953. Le visiteur découvre d'abord une sorte de petite galerie où sont exposés déjà certains plâtres, ainsi que , sous des vitrines, la collection des "antiques" de Rodin. Puis on accède au petit salon et à la salle à manger de l'artiste.

    Quelques plâtres sont déjà exposés ici. On aperçoit sur les côtés les vitrines où est présentée la collection d'antiques que Rodin aimait faire admirer à ses visiteurs.

On ne peut malheureusement que les apercevoir à distance.


Gros plan sur deux des plâtres.

Le petit salon.

Une photographie d'époque montre Rodin dans son petit salon: il lui servait apparemment de bureau, mais pouvait se transformer en petite salle à manger quand les invités étaient peu nombreux.

Dans le prolongement du salon, on découvre la salle à manger: le couvert était dressé sur une planche soutenue par des tréteaux! On remarque la présence d'un antique sur la table...

Cette photographie montre Rodin dans la salle à manger, avec son antique placé au milieu de la table, comme s'il lui fallait avoir sans cesse sous les yeux cette source d'inspiration...

Le grand tableau d'Alexandre Falguière (peintre et sculpteur contemporain de Rodin) est toujours là au fond de la salle à manger. Il représente Hylas (un Argonaute) enlevé par les Nymphes éprises de sa beauté.
Rodin reçut dans sa maison de nombreux visiteurs, souvent célèbres, comme le poète allemand Rainer Maria RILKE , qui fut un temps son secrétaire, le roi Edouard VII d'Angleterre (en 1908), ou encore la femme du président Roosevelt (1910).

                                                        RETOUR A L'EXTERIEUR:


Vue arrière de la villa: on voit ici qu'elle est équipée d'une verrière.
Nous allons maintenant à la découverte du reste du site.

A l'arrière de la villa se déploie une importante extension qui servait d'atelier aux mouleurs et aux tailleurs de marbre qui travaillaient pour Rodin. En 1900, une cinquantaine de personnes travaillaient ici.

On découvre à présent, en contrebas de la villa, le vaste bâtiment  qui abrite la grande galerie des plâtres préparatoires aux sculptures de Rodin. Il a remplacé en 1948 le Pavillon de l'Alma, démoli en 1931, où Rodin lors de l'exposition universelle de 1900 avait présenté avec succès ses œuvres, et qu'il avait fait reconstruire dans sa propriété grâce à un mécène américain. A l'extrémité du bâtiment, on aperçoit la façade du château d'Issy les Moulineaux , que Rodin avait sauvé de la démolition et avait fait remonter ici également en 1910.

LE TOMBEAU DE RODIN:

C'est ici, devant l'arrière plan grandiose du vaste panorama qui se déploie en face de la propriété, que Rodin avait choisi d'édifier son tombeau, que surmonte la statue colossale du célèbre "Penseur". La sculpture, dans ce décor du XXI e siècle, poursuit sa traversée du Temps.

La façade du château d'Issy a tout d'un décor de théâtre où s'inscrit le personnage du Penseur...Construit à la fin du XVII e siècle pour la famille du prince de Conti, le château avait été incendié en 1871 lors de la Commune de Paris.

  Rodin repose ici en compagnie de son épouse Rose. Il l'avait finalement épousée en janvier 1917 pour des raisons de succession, mais elle était décédée avant lui en septembre. Rodin lui-même s'éteindra le 17 novembre. La sculpture actuelle a remplacé en 1918 le plâtre initialement placé sur le tombeau.

Non loin de là, dans le jardin, on découvre un sarcophage romain, indice supplémentaire du goût de Rodin pour l'antiquité. Il servait vraisemblablement d'abreuvoir. Rose Beuret, en plus d'être la compagne dévouée du maître, jouait ici les fermières : elle était à la tête d'une vraie ménagerie, composée de 3 chevaux, 2 chiens, 2 vaches, des poules, des cygnes et même une guenon...

                                                    LA GALERIE DES PLATRES:
Elle réunit les plâtres préparatoires des sculpture les plus célèbres de Rodin, comme les Bourgeois de Calais, le Balzac, le monument à Victor Hugo, le Baiser ou encore la Porte de l'Enfer. De plus, des petits plâtres groupés par thèmes sont  présentés dans des vitrines.
Découvrir ces plâtres préparatoires permet de mieux comprendre le processus créatif de l'artiste.


                       Le visiteur est frappé, en entrant, par l'ampleur et la luminosité de la galerie.


Nos amies semblent fascinées par cette cariatide dite "à la pierre" de 1882, que l'on découvre à gauche de l'entrée.

Elle est accompagnée dune seconde cariatide dite à l'urne de la même époque à peu près.

DANS LES VITRINES:
Les petits plâtres y sont regroupés de façon thématique: telle vitrine présente les figures de la Porte de l'Enfer, telle autre regroupe les variations réalisées par l'artiste sur différents thèmes, telle autre des portraits...

L'Avarice et la Luxure -1887 . Porte de l'Enfer.

Femme accroupie - 1881-1882 . Porte de l'Enfer.

La Pleureuse sur chapiteau - 1881/1882. Porte de l'Enfer.

Deux femmes enlacées - 1890. Thèmes divers.

L'éternelle idole - 1889.

                                                          L'éternelle idole - autre vue.

                                                  DU COTE DES GRANDS PLATRES:

                                                             Les Bourgeois de Calais.1889.

Un des bourgeois (Pierre de Wissant), oeuvre particulièrement expressive (plâtre patiné).

Détail.

Deux projets pour un seul sujet: le monument à Victor Hugo.

Deux versions pour représenter le peintre Claude Lorrain... : nue et habillée.1889.

Le Balzac, version nue.

Le Baiser.

L'Age d'airain.1877.

                                                           NOUVELLES VITRINES:

Nous découvrons de l'autre côté de la salle d'autres vitrines. L'une d'elles réunit des portraits réalisés par Rodin.
Un beau portrait romantique de Mme Fenaille, épouse d'un mécène de Rodin.

Balzac bien sûr. Rodin cherchait à traduire le caractère de la personne.

Portrait de Camille Claudel.

On découvre ici une maquette du pavillon de l'Alma où Rodin avait exposé ses sculptures lors de l'exposition universelle de 1900, et qu'il avait fait remonter dans sa propriété.

Mais que font ces facétieux visiteurs avec leurs mimines?

Je crois bien qu'il cherchent à imiter Rodin!

La Méditation ou la Voix intérieure 1896 -Plâtre patiné.

Et nous voici pour finir face au plâtre de la Porte de l'Enfer.


Quelques détails des reliefs sculptés de la Porte de l'Enfer.

La visite est finie: adieu cariatides et leurs compagnons ou compagnes de plâtre...

                                                        RETOUR DANS LE JARDIN:

Quelques sculptures sont exposées dans le jardin. L'une d'elles a particulièrement fasciné nos visiteurs.

Nous repassons devant la villa des Brillants en direction de la sortie.

Simone, Josette, Janine et Norbert semblent ravis de leur visite.

Nos visiteurs se sont longuement attardés, sur le chemin de la sortie, devant le Monument à Victor Hugo, installé là.

Hep! Le père Hugo a encore la cote, surtout vu par Rodin!

Singulier parallélisme entre le bras de Hugo et les branches de l'arbre...

* A voir aussi la 2e partie de notre après midi à Meudon (visite de l'exposition sur le thème de la forêt de Meudon) sur:
https://jmsattonosrandonnees.blogspot.com/2018/03/10318-sortie-meudon-visite-du-musee.html