J'avais donné rendez-vous à mon vieux camarade Didier, avec qui j'ai le plaisir de randonner quelquefois, devant le portail du château du Marais, un lieu qui m'est cher et que j'ai beaucoup fréquenté (notamment en tant que correspondant entre 2009 et 2019 du Républicain de l'Essonne, puis à diverses occasions); je venais d'apprendre qu'il est définitivement fermé - c'est toute une époque, marquée par les efforts de Mme de Bagneux, une des propriétaires, pour animer le site en l'ouvrant au public- qui s'achève. Nous décidâmes qu'une marche de 7 km, au lieu des 12 qu'il aurait fallu parcourir si on avait inclus le Marais dans notre marche, serait suffisante dans le temps donné. Et donc, après une petite exploration du site du château du Marais, nous sommes allés déposer une voiture au Val Saint Germain (futur point d'arrivée de la balade), puis je l'ai emmené au point de départ: le parking proche du château du Plessis Mornay .
Autour du château du Marais:
Il appartient jusqu'à ce jour à des descendants d'un frère de Talleyrand. Un musée Talleyrand est d'ailleurs installé dans les dépendances. Ainsi, Mme de Bagneux était la fille de Violette de Talleyrand Périgord et de James de Pourtales, propriétaire alors du château de Bandeville situé à Saint Cyr sous Dourdan.Une double ascendance prestigieuse. Des personnages célèbres ont fréquenté les lieux: Sully au XVIes , qui avait même un arbre à son nom dans l'allée d'honneur; Chateaubriand s'y est rendu maintes fois, à l'invitation de Mme de La Briche, qui y tenait un salon tous les étés à la fin du 18e et au début du 19e.Le poète et fabuliste Florian était l'ordonnateur des fêtes du château... Le comte Molé, premier ministre de Louis Philippe, qui avait épousé Caroline, la fille de Mme de La Briche, hérita du château. Le château devint la propriété de la famille de Talleyrand -Périgord quand Anna Gould, riche héritière américaine, qui l'avait acquis avec son mari Boniface de Castellane en 1892, se sépara de celui-ci et épousa en secondes noces Hélie de Talleyrand -Périgord, cousin de Boniface.
Devant le château: de magnifique arbres encadrent la route.
En attendant Didier, je ne me lasse pas de les admirer.
Nous avons fait une halte en face de la célébre perspective de la pièce d'eau
Cliquer pour agrandir.
Une architecture neo classique d'époque Louis XVI, rare en Ile de France. Deux ailes se répartissent de chaque côté d'un pavillon central, qui abrite le grand salon du château. Le château actuel a été construit à la fin du XVIIIe, en remplacement d'un château du XVIIe antérieur, détruit par le nouvel acquéreur, un trèsorier aux armées.Seuls les communs du XVIIe ont été conservés. Deux autres châteaux avaient précédé, au Moyen Age et au XVe siècle, il en reste des traces. L'ancien moulin sur la Remarde a pris la forme d'une "fabrique" décorative.
Magnifique aussi le grand platane d'orient!
LA RANDO:
Du château du Plessis-Mornay au Val Saint Germain.
Le château du Plessis Mornay faisait partie de la seigneurie de Bandeville. Au XVIe siècle, il appartint à Philippe du Plessis Mornay, surnommé le "pape des Huguenots", conseiller et compagnon d'armes du futur Henri IV, et théologien protestant influent. Il avait fait établir sur le site un temple protestant, où venaient prier les habitants des localités alentours. Car il y avait une forte présence protestante dans la région. En 1806, Bandeville passe entre les mains de l'illustre famille protestante des Pourtalès, et le château du Plessis aussi de ce fait. Il a été revendu ensuite à un particulier.
Et nous empruntons à gauche du château, le fameux chemin des Huguenots. C'est par ce chemin que les protestants de la région venaient au temple depuis Bandeville ou Saint Cyr sous Dourdan par exemple.
Nous traversons une campagne bien verte, un peu monotone, égayée par le chant des oiseaux. Le chemin était plus long que dans mon souvenir. Mais l'instant fut propice à de longs échanges sur des sujets divers avec Didier, que je n'avais pas vu depuis un moment. Un vrai plaisir aussi.
Sur les hauteurs, à notre droite, se profile le somptueux château construit par le diamantaire Porgès sur le site de l'ancien château médiéval de Rochefort en Yvelines.
La vallée de la Remarde est une zone de haras, d'où cette sympathique rencontre...
... avec de jolis chevaux.
A un croisement , il ne faut pas aller tout droit, ni à gauche pour aller vers le lieu dit Bandeville, mais prendre un chemin situé entre les deux et aujourd'hui assez caché et peu entretenu.
Après un moment d'errance, nous finissons par le trouver.
Première manifestation du printemps rencontrée: les fleurs de cet arbuste...
Le paysage a changé: nous avançons dans un chemin bordé de haies
.
Nous découvrons le joli site du moulin de Bandeville (XIXes), un de ces nombreux moulins de la Remarde qui traitait le blé venu de la Beauce proche.
Il faisait partie des dépendances du château du même nom, mais il a été vendu à un particulier qui l'a rénové pour en faire son habitation.
Au bout de la jolie route bordée d'arbres antiques (qui a bien l'allure d'une allée d'honneur) se découpe la silhouette du château de Bandeville.
Ce château de style Louis XIII, construit en 1620 pour Thierry SEVIN, conseiller au Parlement de Paris, a remplacé un château précédent datant du Moyen Age et transformé au XVIes . Le propriétaire alors était un secrétaire du Roi , Thomas Rappouel. Depuis 1806, le château de Bandeville est la propriété de la famille de Pourtalès. L'actuel propriétaire, Hélie de Pourtalès, est le frère de Mme de Bagneux, copropriétaire du Marais avec la famille d'un autre frère, décédé.. Le parc peut se visiter en été.
Devant le moulin, une vieille fontaine du XIXes.
Un site bien agréable pour une petite pause...
Nous traversons le hameau de Bandeville en direction de Saint Cyr sous Dourdan.
Nouvel édifice remarquable à Saint Cyr sous Dourdan: la ferme fortifiée des Tourelles (présente dès le XIIIe s), voisine de l'église. Reconstruite à la fin du XVIe siècle, elle devint le logis seigneurial du seigneur de Saint Cyr. En 1613, la seigneurie de Saint Cyr fut incorporée dans celle de Bandeville et le bâtiment servit de ferme. En 1806, la famille de Pourtalès en devint propriétaire, comme de toute la seigneurie de Bandeville, et elle la revendit à la mairie par la suite.
Un coup d'oeil dans la cour.
Il y a quelques années c'était un restaurant (Grand souvenir pour les amis du Hurepoix's band qui y déjeunèrent ). Aujourd'hui nous découvrons qu'une épicerie a été installée dans les murs. Ce fut aussi un temps un centre hippique.
La cour servit de décor pour le tournage du feuilleton POLY de Cécile Aubry, où jouait son fils Mehdi.
L'église (XIIe-XVIe s) se caractérise par une haute tour clocher. C'est Thomas Rappouel, seigneur de Bandeville et secrétaire du roi, qui fit reconstruire l'église au XVIes, en style gothique flamboyant.
Seuls le portail et la partie basse du clocher sont du XIIe s.
A droite de l'église, nous prenons une petite route qui suit le cours de la Remarde.
Plusieurs anciens lavoirs s'égrènent le long du cours de la Remarde.
Nous passons devant le moulin de Levimpont, un hameau de Saint Cyr. Il a fonctionné jusqu'en 1970.
Il est aujourd'hui transformé en appartements (photo antérieure).
Plus loin , le moulin bleu, qui date du XIXe: surprise: il avait été rénové par Cécile Aubry, qui en a fait sa maison. Aujourd'hui son fils Mehdi, alias Sébastien dans le fameux feuilleton Belle et Sébastien, en est le propriétaire. Il fait maison d'hôtes (photo antérieure).
Après le moulin bleu, nous avons gagné Le Val Saint Germain en continuant tout droit par un chemin de terre.
L'arrivée au Val St Germain sur fond de soleil couchant!
Nous prenons une rue à droite qui nous amène à la rue principale et vers la gauche à l'église.
A droite de l'église , nous repérons la fontaine Sainte Julienne. Au XVIIIe et XIXe siècles, des centaines de pélerins venus de toute la région s'y rendaient après l'office, car son eau guérissait de la peste, du cholera et d'autres maladies. Ils apportaient en offrande à la sainte des "souches de cierges "(chandeliers confectionnées par eux en bois ou en métal...). Un centaine de ces offrandes sont conservées dans l'église.
Il faut se pencher pour découvrir au fond de l'édicule...
... un buste en bois de la sainte.
Autrefois une statue en pierre était installée sur la fontaine.
Nous revenons vers l'église en passant devant un grand lavoir.
L'église Saint Germain date des XI-XIIe et XVe siècles.
Nous avons eu aussi une pensée pour Lino Ventura enterré au cimetière de ce village.
Une balade à un rythme tranquille qui nous a pris 3h30. On peut faire 5km à pied de plus jusqu'au Château du Marais.
A la prochaine Didier !
* Sur le chemin des Huguenots et la présence protestante dans la région, voir:
* Précédentes randos sur ce parcours:
* 9/10/ 2013: avec Janine Esquirol et P et J Tarroux :
*6/10/14 : avec d'autres amis.
Parcours jusqu'au château du Marais!
Merci Jean Maurice pour ce reportage.
RépondreSupprimerSympa aussi de voir Didier.
Jacques Peureux
Picomtal